Chaire
D.S.O
Responsable : M. PESQUEUX
Unité de
valeur : C1 25524
Fiche de lecture de Mario KIAVUE
« LE TEMPS DES
SERVICES »
James Teboul
une nouvelle approche
du
management
Editions
d’Organisation
SOMMAIRE
1) L’auteur
2) postulats
3) Démarche
4) Objectifs
5) Résumé
6) Principales conclusions
7) Discussions et critiques
8) Actualité de la question
1) L’AUTEUR
Ingénieur
de l’Ecole Centrale de Paris et Docteur ès Sciences, James TEBOUL a travaillé
comme ingénieur responsable du développement de nouveaux produits à
Schlumberger. Il devient professeur de gestion à L’INSEAD après l’obtention
d’un MBA à l’université canadienne de Sherbrooke. Il a enseigné dans de
nombreux programmes de perfectionnement pour managers et intervient comme
consultant auprès de grandes entreprises nationales et internationales.
Il est l’auteur d’un autre ouvrage intitulé « la dynamique qualité ».
2) POSTULATS
- Le postulat d’économie tri-sectorielle est caduc.
- Il n’est plus possible de distinguer entre produit et processus.
- Le clivage traditionnel entre les disciplines du management (production, marketing, ressources humaines) est de moins en moins pertinent.
- Les problèmes concernant le marketing, les opérations et le personnel se trouvent intimement mêlés au niveau de l’avant scène.
3) DEMARCHE
L’auteur passe en revue la définition classique des services en expliquant que la segmentation en trois secteurs n’est plus adaptée, puis aborde une nouvelle définition des services.
Il établit la distinction fondamentale entre avant scène et arrière scène, schéma directeur du livre, et nous montre comment positionner les différents services d’un secteur sur une matrice d’intensité de service.
A la lumière du nouveau concept deux cas particuliers sont examinés : le secteur industriel et les professionnels du service.
4) OBJECTIFS
- Disposer d’une définition opérationnelle permettant d’étudier de façon systématique et cohérente les activités de service de tous les secteurs de l’économie.
- S’aider du concept d’avant scène / arrière scène pour définir une stratégie de service performante.
- Fournir un modèle d’analyse pour tous les types de service.
5) RESUME
VERS UNE
NOUVELLE DEFINITION DES SERVICES
Bien qu’on puisse dire qu’un service est « toute chose vendue dans le commerce et qu’on ne peut faire tomber sur ses pieds », on ne peut définir ce terme avec précision, s’agissant d’un domaine aux limites floues. Peut-on trouver un point commun et des caractéristiques fondamentales aux activités appelées services ?
I) La classification tri sectorielle classique
Une définition consiste à exclure les activités que nous qualifions de « non services » et d’examiner les points communs entre celles qui restent.
Cette démarche revient à la classification tripartite habituelle des secteurs de l’économie et donc à exclure les activités dont la production est un bien physique ou un bâtiment. Selon les auteurs classiques, un service serait caractérisé par la simultanéité de la consommation et de la production. Cette définition est-elle satisfaisante ?
Selon le modèle tri-sectoriel le développement économique obéit à une loi séquencée en trois temps qui voit la prédominance successive du secteur primaire (agriculture), secondaire (industriel), puis du secteur tertiaire (services) qui finit par s’imposer.
Cette loi se voit confirmée dans le monde aussi bien en terme de nombre d’emplois que de part dans le Produit Intérieur Brut. Ce changement structurel est nettement visible dans les pays développés.
Malgré son importance on ne peut apprécier l’impact du secteur des services sur l’économie car il n’a bénéficié d’aucune véritable analyse sérieuse. Cet état de fait est sans doute du à son association avec l’idée de servitude mais est aussi la conséquence de son dédain par certains grands noms de l’histoire économique qui n’ont pas hésité à le qualifier d’éphémère et d’improductif.
Cette attitude, soutenue par la croyance selon laquelle l’industrie requiert plus de compétences que les services, a induit de grandes difficultés dans certains pays. C’est ainsi que l’Europe de l’Est et la Chine ont de réels problèmes pour distribuer, transporter, financer leurs biens produits.
Ces conceptions sont dépassées. La part des services ne peut que croître :
-
Les gains de productivité, l’automatisation, la délocalisation
réduit de plus en plus la part
relative de l’industrie.
- Les ménages qui s’enrichissent consomment de plus en plus de services pour améliorer leur qualité de vie.
Le modèle tri-sectoriel perd ainsi beaucoup de son intérêt, il ne peut servir à une étude sur le secteur des services trop vaste et mal défini.
La classification Browning – Singlemann avec ses cinq secteurs économiques et trois types de services permet une analyse plus fine de l’impact sur l’économie, mais possédant les mêmes défauts elle n’est guère plus utile que la précédente.
II) Les limites de ces
classifications
Caractère artificiel de la distinction entre services et industrie
- La distinction entre ces deux secteurs est peu pertinente. Dans les faits on voit qu’ils évoluent en symbiose : l'industrie dépend des services et les services s’appuient sur un secteur industriel puissant pour prospérer (les transports nécessitent une bonne infrastructure routière).
- Aujourd’hui dans le monde cette distinction est artificielle et vaine :
· Un fabricant d’ascenseur fournit aussi des services mais la totalité de son activité est classée en industrie.
·
Une entreprise exerçant uniquement ces mêmes activités
de maintenance sera classée
dans les services.
- Les produits peuvent être considérés comme la matérialisation des services fournis (le but du téléviseur est de procurer un divertissement).
- Les producteurs de biens se rapprochent des services car le seul moyen d’obtenir un avantage concurrentiel lorsque les biens produits sont quasi-identiques est d’améliorer l’offre de service.
- Les producteurs de service tentent d’industrialiser leurs activités (Mc Donald’s).
Caractère artificiel de la distinction entre la matière première et l’information
Si l’on considère que l’industrie est essentiellement la transformation de matières premières en produits finis, toute autre activité comme le traitement de l’information doit être considéré comme du service.
D’après cette définition la majorité des travailleurs de l’industrie (spécialistes en système d’information, comptables) appartiennent donc au secteur des services !
Cette définition de l’industrie est donc trop réductrice, elle doit intégrer aussi le traitement de l’information qui n’est qu’une matière première particulière.
La répartition en 3 secteurs des activités économiques comporte donc un vice fondamental : elle suppose une distinction claire entre produit agricole, produit industriel et service. Tel n’est pas le cas.
Essayons d’inverser la démarche en construisant la notion de service ou d’industrie et d’opérer ensuite une classification.
III) La démarche déductive
En opposant les 2 extrêmes nous pouvons constater que :
· dans le cas d’un service il y a interaction entre le système délivrant la prestation et le client, ce qui n’est pas le cas dans l’industrie,
· un produit est un objet alors que le service est un acte, une prestation unique.
Cela peut être illustré à l’aide des schémas suivants :
PRESTATIONS Interaction
directe avec le personnel PROCESSUS ET TECHNOLOGIE EQUIPEMENT ET DECOR
client avec un problème
client avec une solution
Bloc opératoire et salle de réveil
patient malade
patient guéri
Interface ou avant scène (exemple d’un hôpital).
TRANSFORMATION Personnel Equipements Et technologie
produit fini
matières premières/
information
traitée
composants
savoir
Arrière scène ou support.
Dans les faits en dehors de ces cas extrêmes et théoriques, avant et arrière scène sont tous deux concernés. C’est leur degré d’implication qui détermine si l’activité est concentrée essentiellement sur la prestation d’un service ou sur la production d’un bien.
LE
SERVICE SE JOUE SUR L’AVANT SCENE
Chaque activité comporte à la fois une partie purement service (interaction) et une partie purement produit (une transformation). Cette distinction est fondamentale car les modes de gestion de ces deux parties sont très différents.
En restauration, la salle de réception des clients est l’avant scène, elle constitue la zone «service», la cuisine, l’arrière scène est orientée «production».
I) La composante service et son intensité
L’intensité de service est très variable et peut être mesurée par les ratios :
Intensité de service = coût de l’interaction (personnel + équipement) / coût total
Ou valeur ajoutée de l’interaction / valeur ajoutée total
Ou heures passées avec le client / total heures utilisées
Examinons l’importance relative de la composante service en balayant les secteurs de l’économie.
- Les biens relativement purs (acier, papier, savon…) : la part interactive de service reste assez limitée (simple transaction) mais la tendance est de l’accroître.
- Les biens de consommation durables (voitures, appareils électriques…) : le service est essentiel surtout si le produit est sophistiqué. Il s’agit d’instaurer une relation durable avec le client.
- Les services à forte teneur en biens et en informations (restaurant, hôtels, banques …) et les services relativement purs (coiffure, conseil juridique) : l’interaction et la relation avec le client sont primordiaux. Le client attend de sa banque des conseils pertinents mais n’est pas prêt à se déplacer ou à payer cher pour une transaction standard, d’où l’industrialisa-tion de certains de ces services (banques directes).
Nous en concluons que la séparation entre secteur industriel et secteur des services est moins significative que celle entre avant scène et arrière scène.
Quels enseignements peut-on en tirer ?
Les services relativement purs (coiffure) sont à forte teneur en main d’œuvre et offrent peu de perspective de gain de productivité car la durée du contact avec la clientèle peut difficilement être réduite.
Certains services à forte teneur en biens et en informations peuvent offrir de meilleures pers-pectives en simplifiant l’interaction (le face à face peut être remplacé par un contact automa-tisé) ou en effectuant un traitement de masse à l’arrière scène.
C’est ainsi que Baumod distingue 3 types de services :
- Les services stagnants (santé, éducation…) à faible potentiel de gain de productivité.
- Les services évolutifs (services de communication) à fort potentiel de gain de productivité car le contact peut être réduit et standardisé grâce à l’apport des nouvelles technologies.
- Les services en phase de stagnation (télévision, radio, informatique) dont la productivité décroît après une forte hausse.
II) La gestion de l’avant scène et de l’arrière scène
Comparons les services purs et les produits purs pour mettre en évidence leurs différences.
« produits Purs » en arrière scène |
« services Purs » en avant scène |
I) TransformationA) un bien relativement tangibleB) contrôle de la demande : gestion des stocks. C) gestion de la qualité : objectif zéro défaut (les produits peuvent être inspectés et modifiés en cours de fabrication). |
I) Une prestation intangibleA) une prestation intangibleB) contrôle de la demande : gestion de la capacité (lit d’hôpital). Un service ne peut être stocké. C) gestion de la qualité : objectif zéro défection : le service doit être réussi du premier coup sinon le client s’en aperçoit. |
II) Absence du clientA) standardisation : L’objectif est de réduire et maîtriser les écarts. B) peu de participation du client : la nécessité d’accroître constamment la productivité a conduit à la production de masse et à l‘éloignement du site de production du consommateur final. C) production centralisée et circuits de distribution souvent indépendants de l’entreprise productrice. |
II) Présence du clientA) chaque client est unique (toute standardisation est impossible). B) participation (voire co-production) du client qui guide et contrôle le prestataire. Leur participation, source d’incertitude, peut se révéler essentielle pour améliorer la qualité du service. C) localisation près du client car les services sont produits et consommés en même temps. |
III) Le Marketing transactionnelA) le marketing mix classique (4P : Produits,
Prix, Placement,Promotion) B) le contrôle des circuits de distribution : |
III) Le marketing relationnelA) le marketing mix étendu (6 P) B) le marketing interne : l’entreprise doit d’abord vendre le nouveau service à ses employés afin qu’ils soient plus à même de le proposer. |
Nous pouvons en conclure que les enseignements tirés de la fabrication ne s’appliquent pas forcément à l’interface et vice versa. Différentes certes mais en réalité inséparables, les deux parties se soutiennent mutuellement.
POSITIONNER LE SERVICE, LA MATRICE D’INTENSITE DE SERVICE
I) Le
positionnement des services sur la matrice
Le service se joue sur l’avant scène certes mais cet axe de positionnement rend compte uniquement de la manière dont le client est traité et non du résultat obtenu qui est aussi essentiel.
Positionnons la dimension résultat de tout service sur un axe horizontal possédant à une extrémité les solution variées, personnalisées (conseil financier) et à l’autre les solutions limitées et standard (retrait d’argent).
Certains services sont à fort niveau de contact (cabinet d’avocats, hôpitaux…) et d’autres à faible niveau (restauration rapide). L’intensité de l’interaction peut être mesurée par la durée du contact, la fréquence d’utilisation, la nature (face à face, à distance, par téléphone), le niveau de compétence engagé. Positionnons la dimension interaction sur un axe vertical.
Grâce à ces deux variables on peut réaliser une matrice d’intensité de service :
|
- La partie supérieure gauche correspond aux services nécessitant une forte implication du personnel pour répondre à une demande personnalisée comme les restaurants gastrono-miques, les boutiques de proximité, les opérations particulières dans les banques.
- Les services simples et standardisés ne nécessitant qu’un contact limité se situe dans la partie inférieure droite tels la restauration rapide de type fast food, les supermarchés, les guichets automatiques des banques. Dans certains cas le personnel n’a même plus besoin d’être présent.
Nous savons que «le processus est le produit et le produit est le processus», phrase qui montre la forte corrélation entre «le produit» ou la solution attendue par le client et le «processus» ou mode d’interaction correspondant, les services auront donc tendance à se situer essentielle-ment le long de la diagonale de la matrice.
On peut aussi voir sur la diagonale que plus un service se standardise, plus il devient néces-saire de baisser son prix car c’est la seule manière de le différencier. Il se crée un cercle vicieux, un déplacement vers le bas de la diagonale.
Comment éviter cette logique dangereuse et quitter la diagonale ?
- 1) en évoluant vers la zone A : assurer une prestation plus personnalisée avec le même niveau de contact, avec l’aide de l’automatisation et de l’informatique.
- 2) en évoluant vers la zone B : augmenter l’interaction alors que le produit se standardise. Cette solution risque de déplaire au client qui paiera plus cher un service standardisé !
La matrice peut jouer un double rôle : aider au positionnement d’une prestation et à ajuster le processus de délivrance au service attendu.
III) Le positionnement des biens industriels
Une matrice analogue produit /processus peut être utilisée pour le positionnement des biens industriels avec :
- En axe horizontal l’évolution du produit de son lancement (personnalisé et fabriqué en faible quantité) jusqu’au stade de maturité (article courant, gros volume de vente).
- En axe vertical le processus de production, du travail en atelier au flux continu.
On retrouve sur la diagonale la corrélation entre le processus de production et le niveau de standardisation.
- Les produits sur mesure font l’objet d’une production en atelier, flexible, avec des coûts élevés (sous utilisation des ressources, personnel qualifié).
- La production de masse permet une réduction des coûts mais une perte en flexibilité. Nous retrouvons ce cercle vicieux qui fait que la standardisation entraîne une baisse des coûts pour différencier le produit de ses concurrents. Ce piège peut être éviter par un gain en flexibilité en utilisant comme pour la première matrice l’informatique, l’automatisation et la robotisation.
Quelques exemples de positionnement :
La matrice permet de représenter les différentes activités d’une banque de réseau. Chacune nécessite un niveau d’interaction différent allant du face-à-face à la transaction informatisée.
Le coût du face à face pour des transactions courantes (partie supérieure droite) ne se justifie plus. L’informatique permet de personnaliser les opérations (banques en ligne) et donc un glissement vers la partie inférieure gauche.
Les unités de soins intensifs font intervenir différents spécialistes pour un même patient.
A l’autre extrémité, les patients peuvent pratiquer des soins sur eux mêmes (dyalises rénales).
Certains hôpitaux standardisent à tel point qu’ils ne traitent qu’un seul type de patient, par exemple ceux qui souffrent d’une hernie inguinale, sans surcharge pondérale et évoluant dans une tranche d’âge précise.
I) La segmentation
Le but est d’identifier des catégories de client suffisamment homogènes, assez étroites pour être satisfaites par la même proposition de service et assez larges pour être rentables.
Quelle méthode adopter ? segmenter d’abord le marché et définir un concept de service pour chacun des segments ou partir d’un concept et chercher s’il correspond à un segment intéressant ?
1 ère démarche : la Banque Comercial Portuguès a choisi un segment correspondant à une clientèle aisée et devait donc proposer des produis personnalisés, innovants et des services sophistiqués pour obtenir un haut niveau d’interaction.
Dans un 2 ème temps, les segments ont été élargis aux revenus moyens et l’offre de service plus standardisée, l’accès aux services devenant plus direct grâce à l’informatisation.
2 eme démarche : Fédéral Express a lancé le nouveau concept de «livraison garanti de porte à porte de petits colis dans les 48 heures». Le segment de marché correspondant était très large et facile à définir : quiconque ayant besoin de faire livrer un petit colis dans les 24 heures et prêt à payer pour cela.
Services standards et segments larges
On trouve ici des clients sensibles au prix, qui acceptent un service de masse satisfaisant un besoin courant, standard, bien connu (livraison de pizzas).
Dans l’interaction le client n’intervient qu’à deux moments : la commande et la livraison. L’emplacement est essentiel. La personnalisation peut opérer un avantage concurrentiel si elle peut être obtenue à moindre coût, ce qui est plus facilement réalisable dans les services à forte teneur en information (banque, assurance).
On peut imaginer un point médian appelé «personnalisation de masse» ou le service de base reste standard mais ou la personnalisation se fait dans l’interaction (ex : appeler le client par son nom et garder une trace de son passage pour le prochain séjour).
Services personnalisés et segments étroits
Certains consultants n’acceptent de travailler qu’avec des type des clients choisis.
Il s’agit de services personnalisés (avocats) s’adaptant à chaque cas et nécessitant des professionnels qualifiés et expérimentés.
Focalisation et segments multiples
La population cible peut être moins homogène. On peut alors segmenter en proposant des activités spécifiques pour chaque segment.
La segmentation est effectuée généralement selon des critères socio-économiques ou démo-graphiques (revenus, âges, sexe) mais quand l’aspect service se développe d’autres critères interviennent :
- La localisation : les services étant produits et consommés simultanément la commodité d’accès est importante.
- L’occasion et le rôle : la façon d’utiliser un service varie selon l’occasion (on voyage pour affaire ou par plaisir).
- L’utilisation et la fidélité : les clients peuvent être divisés en «gros utilisateurs», «utilisateurs modérés», «utilisateurs occasionnels» ou «non utilisateurs».
- Le profil psychologique : analyse du style de vie, des attitudes, de la personnalité des clients.
Un segment sera finalement attractif selon sa taille et le potentiel de vente, sa croissance, sa rentabilité, sa facilité à être identifié et défini, le fait qu’il recouvre une population homogène et qu’il soit assez discriminant pour exclure les clients non rentables, le niveau de concurrence.
II) La proposition
de valeur
Du concept de service nous pouvons aboutir à une proposition de valeur qui définit ce à quoi les clients attachent de la valeur et qui va positionner le service sur le segment choisi. Elle tiendra compte des besoins des consommateurs, des ressources et des compétences de l’entreprise, de la situation de la concurrence.
Les composants
Pour répondre à l’attente du client elle doit tenir compte de cinq critères : le résultat, l’interac-tion avec le processus, l’interaction avec le personnel, la crédibilité et la fiabilité de la presta-tion, le prix.
Afin d’optimiser la réponse aux besoins, il est nécessaire d’étendre la solution proposée et d’offrir une gamme étendue de services. Pour cela on analyse le cycle d’activité du client représenté sur le schéma suivant. Pour un hôtel on distinguera les besoins fondamentaux (dormir, se laver, déjeuner ou dîner) des autres.
Détails des besoins des clients d’un hôtel
Les hôtels de luxe proposeront de couvrir l’ensemble du cycle avec un haut niveau d’interac-tion et de personnalisation tandis que d’autres hôtels n’offriront qu’un service fonctionnel pour un prix plus modique.
L’interaction avec le
processus
Les trois aspects essentiels sont le temps de réponse, la facilité d’accès (qui dépend de la situation géographique, des horaires d’ouverture mais aussi de la convivialité du service), le cadre matériel (confort, bruit, décor).
L’interaction avec le
personnel
Celui ci doit faire preuve d’un certain nombre de qualités fondamentales telles l’empathie, l’attention et la considération. Il doit rester disponible, garder une relation permanente, créer une bonne ambiance.
La crédibilité et la fiabilité
de la prestation
Les clients sont très attachés à ce qui peut renforcer leur confiance et leur sécurité. Certaines société offre une garantie totale de satisfaction ou rembourse. Quant à la fiabilité, elle est au cœur même de la qualité du service. Le prestataire doit aussi être en mesure de se rattraper rapidement en cas de problème.
Le prix
Doit refléter la véritable valeur du service pour le client, doit il être global ou détaillé par service ?
Le profil de la proposition de valeur
A partir de ces cinq critères le profil de la proposition de valeur peut être déterminé. En décidant de ce qui a de la valeur pour le client à chaque étape du cycle d’activité, on construira un certain nombre de cycles dont un cycle minimum. Plus l’on veut couvrir de besoins, plus il sera nécessaire de disposer de ressources en interne ou de conclure des alliances.
FORMULER UNE
OFFRE DE SERVICE
La proposition de valeur décrivait les résultats et les bénéfices perçus par les clients. La formulation de service partant de la perspective de l’entreprise, définit les produits (services, systèmes) que la société va concevoir et fournir. C’est à ce stade que sont prises les décisions fondamentales concernant le marketing, la production, les ressources humaines et la structure du service.
Un lien est établi entre la proposition de valeur et la formulation de l’offre.
I) La formulation
Elle consiste à définir les principaux éléments de l’offre et les décisions clés qui vont permettre de maximiser la valeur perçue par le client tout en minimisant les coûts. Les décisions concerneront aussi bien le marketing, les opérations que le personnel. Les matrices formulation / résultats sont le meilleur moyen d’expliquer la relation entre la proposition de valeur et la formulation du service. Les lignes du bas intègrent l’impact des décisions prises sur l’efficacité interne de l’entreprise.
Elles peuvent être dessinées pour : les services de base et additionnels, le processus de production, le résultat pour le personnel.
Exemple de matrices formulation / résultats pour le restaurant japonais Benihana
II) L’impact
des décisions pour le personnel
C’est une préoccupation majeure, le personnel étant l’élément clé du service, celui qui le produit et le vend.
Les éléments de la satisfaction du personnel sont de deux ordres, celles liées au travail et celles liées à la personnalité.
· carrières et contreparties,
· qualité de vie au travail,
·
pouvoir, contrôle et participation (des objectifs
clairs, une responsabilisation,
l’impression de maîtriser les choses).
· intégration sociale et esprit d’équipe,
· l’estime de soi (fierté, dignité, être considéré et apprécié),
· l’intérêt personnel et le professionnalisme.
Passons maintenant à la conception détaillée du service et sa promotion.
LE MODE DE PRESTATION ET LES ECARTS DE QUALITE
En passant de la théorie à l’application concrète, nous devons introduire deux facteurs : le type d’activité sur lequel doit se greffer le service et la perception par le client réel.
I) Le type de service dans la chaîne de valeur
Chacun des quatre types d’activité déjà vus (bien relativement purs, biens à forte intensité de service, services à forte teneur en biens et en information, services personnalisés et relative-ment purs) possèdent des niveaux d’interaction différents. Il sera nécessaire de tenir compte de ces différences lors de l’application de la prestation détaillée. Plus le niveau d’interaction est intense et complexe plus il est important que la prestation soit effectuée par les spécialistes eux mêmes.
Voyons avec les sept points suivants comment il est possible d’améliorer la productivité par l’innovation et les nouvelles technologies et fournir un avantage concurrentiel dans les services comme cela a été le cas dans l’industrie.
Focaliser la communication et développer un marketing individualisé
Les nouvelles technologies permettent de traiter les données accumulées sur les clients pour passer d’une communication indifférenciée de masse à des messages bien ciblés voire indivi-dualisés.
Accroître la base de clients
L’utilisation des réseaux électroniques et des liaisons téléphoniques permet d’atteindre des marchés mondiaux, hors de portée des forces de vente ou des campagnes de publicité traditionnelles. Cette solution a le défaut de diminuer l’intensité de l’interaction face à face mais l’avantage de baisser le besoin d’investir dans des agences.
Internet va bouleverser la dynamique du commerce international en offrant aux petites sociétés un accès plus facile aux marchés internationaux et en mettant à la disposition des consommateurs une gamme élargie de produits et de services. Ceci d’autant plus que le « produit service » sera digital. Lorsque la transaction implique la livraison d’un bien physique le fournisseur devra s’allier avec une compagnie de transport.
Réaliser des économies d’élargissement
Il est difficile de réaliser des économies d’échelle dans l’interface, pour accroître le chiffre d’affaire la meilleure stratégie est de vendre davantage de services au même client. Cela permet des économies d’élargissement et de relation.
Les nouvelles technologies permettent de fournir une gamme de service beaucoup plus large sans accroître sensiblement les coûts d’autant plus que les barrières entre les secteurs ont tendance à devenir plus floues (les supermarchés vendent des produits d’assurance, des voyages, des services financiers).
Améliorer la prestation de service
Les nouvelles technologies permettent d’améliorer la prestation à chaque interaction.
Avant d’acheter, le client trouve sur Internet une gamme considérable d’information sur le produit recherché. La fonction vente peut aussi être localisée dans un serveur électronique, minimisant ainsi ses coûts.
Une coordination des achats et de la logistique
Les entreprises peuvent communiquer via Internet ou intranet et ainsi améliorer grandement leur coordination dans plusieurs domaines. Facturation, livraison, paiement, gestion des stocks en temps réel, traçabilité.
Amplifier la valeur perçue
Les services de support et d’après vente
En automatisant les réponses aux questions posées régulièrement, le personnel d’après vente est libéré pour des questions plus complexes. Le client peut aussi suivre la trace de son colis.
La mesure de la qualité et la récupération du client
Des terminaux informatiques permettent de recueillir et de traiter rapidement les réclamations.
L’intégration dans le temps
Les informations recueillies sur le client permettent d’améliorer la qualité de la relation avec lui et de le fidéliser. En stockant dans une base de données les différents problèmes rencontrés on peut gérer efficacement l’entretien du matériel et prévoir les pannes.
Améliorer l’efficacité du personnel de contact :
L’informatique a permis de transférer dans l’interface des opérations jusqu’ici traitées à l’arrière. Le personnel de contact peut avoir plus de pouvoir et d’autonomie car il peut se procurer des informations par le biais de terminaux et avoir accès à des systèmes experts lui permettant de prendre des décisions.
Améliorer l’efficacité du processus de délivrance et la coproduction du client
I) Les stratégies
de croissance :
Un succès établi dans un site pilote doit rapidement être développé avant que les concurrents ne réagissent. Trois stratégies de croissance s’offrent :
L’expansion multi-sites
Reproduire la formule à l’identique sur différents sites, s’implanter en s’emparant des meil-leurs emplacements (Mc Donald). Des gérants compétents et bien formés sont nécessaires, aidés par des systèmes d’information et de communication sophistiqués permettant une coordination.
La franchise est un moyen de croître rapidement avec un investissement moindre en capital.
II) L’internationalisation des services
Contrairement à ce que pensent les économistes, les faits montrent que les services s’expor-tent autant que les biens, surtout quand ils peuvent être effectués à distance (téléphone ou transaction électronique) ou qu’ils possèdent une forte teneur en biens et en informations.
Il faut noter que :
· En présence d’un fort degré d’interaction les barrières juridiques, culturelles et linguistique constituent de sérieux obstacles.
· Il est souvent préférable et moins risqué de collaborer avec un partenaire étranger plutôt que d’investir et de transférer du personnel.
· Les changements à adopter pour adapter un service à un nouveau marché peuvent être importants. Le meilleur moyen d’y parvenir est d’utiliser la méthode préconisée dans les chapitres précédents, c’est à dire l’étude soigneuse de chaque étape : cible, proposition de valeur, formulation, délivrance.
On peut en conclure que plus grande est l’importance de l’avant scène et plus intense l’inter-action avec le client, plus il sera difficile d’internationaliser le service.
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6) PRINCIPALES CONCLUSIONS
- Aucune activité ne peut se situer sur un seul secteur.
- Il faut distinguer le service rendu au client de la partie productive, mais il est préférable d’avoir une vision globale de l’ensemble d’une activité en intégrant l’arrière scène (aspect transformation) et l’avant scène (aspect service et performance) malgré les relations difficiles entre ces deux parties.
- L’influence des clients sera prépondérante, elle agira sur l’avant scène qui pour répondre de manière pointue et rapide obligera l’arrière scène à libérer son plein potentiel.
- Inéluctablement toute la production sera au service de l’interaction.
7) CRITIQUES ET DISCUSSIONS
J’ai
choisi cet ouvrage parce que non seulement la plupart des personnes actives
sont concernées par les services mais aussi parce que travaillant au sein d’une
collectivité territoriale dans le secteur informatique (formation, analyse
programmation, assistance aux utilisateurs, administration des réseaux), je me
sens particulièrement concerné pour les raisons suivantes :
·
Il est clair que le
service informatique est considéré comme un service à part car au service de
tous les autres services (service état civil, du personnel, documentation
etc…).
·
Nous sommes à
l’arrière scène, obligés de mettre
en action notre plein potentiel afin de nous adapter sans cesse aux nouveaux
outils informatiques. Depuis quinze ans nous devons nous réadapter à des
matériels, systèmes, produits, logiciels nouveaux, avec leurs
« beugs » dont les utilisateurs ne veulent pas entendre parler. Il
s’agit d’un des seuls métiers ou la notion d’ancienneté joue à l’envers. Un
informaticien avec plusieurs années d’expérience, ne vaut pas plus sur le
marché du travail qu’un jeune sorti de l’école s’il ne se recycle pas
périodiquement. Cela signifie que l’arrière scène est notre cerveau et que
celui ci est soumis à rude épreuve.
· Nous sommes en avant scène en tant que formateurs et assistants des utilisateurs et concevons aussi des logiciels en interaction directe par leur interface.
C’est
un excellent ouvrage complet, détaillé, émaillé d’outils et de concepts
importants en plus de celui d’avant scène / d’arrière scène. Il permet
réellement d’adopter une démarche pratique et organisée de mise en place d’un
service.
On peut regretter un certain nombre de notions qui se répètent et de parties déséquilibrées. Mais il s’agit certainement de la conséquence du désir de l’auteur d’appliquer systé-matiquement sa méthode.
James Teboul reconnaît prendre appui sur le concept ancien de « front office / back office », Mais il construit à partir de ceux ci une approche simple et suffisamment puissante qui semble la seule capable de différencier la production de biens de celle de services.
Ce qui me paraît le plus être un sujet de controverse est le climat positif que l’auteur semble envisager pour le futur. La phrase « nous serons tous au service les uns des autres » est très prometteuse d’ une société plus humaine comme l’évoque la citation suivante :
« Sur cette immense scène, nous serons appelés à jouer de plus en plus de rôles, à communiquer davantage, à nous soigner, à nous former, à nous transporter et à nous distraire de plus en plus les uns les autres »
Tout au long de ce livre nous avons pu comprendre que les services sont avant tout des rap-ports entre les hommes. L’employé, le cadre deviennent essentiels pour les entreprises et il est vital de satisfaire les besoins du client. Les métiers de service deviennent presque les seuls créateurs d’emplois, l’aiguillon de l’économie. Nous pouvons donc nous attendre à ce qu’ils nous fassent évoluer vers une société qui change par rapport aux schémas traditionnels et qui tiendra davantage compte de l’humain.
Or dans le même temps l’auteur parle d’assurer un avantage concurrentiel, d’être en avance en faisant autrement et mieux que les autres, qu’un avantage n’est jamais acquis car copié très vite par la concurrence. Nous savons qu’avec la mondialisation, la compétitivité devient une nécessité et on considère que le secteur des services est caractérisé par des niveaux de produc-tivité plutôt faible et qu’il s’agit d’un secteur intensif en travail.
Au vu de ces considérations paradoxales, des questions se posent :
Quel est le sens de la compétitivité pour des métiers dont une grande partie est assurée par des hommes pour des hommes et que signifiera réellement pour les hommes la prédominance des services ?
Pour répondre nous pouvons examiner quelques uns des vecteurs habituels de la compétiti-vité, principalement le capital client, le capital humain, l’organisation, l’apport des nouvelles technologies.
I) Le capital client :
Le client est au centre de la préoccupation des services, en trouver de nouveaux, les fidéliser, anticiper leurs besoins, fournir une prestation en adéquation avec ces besoins est vital. Pour les comprendre et tâcher de les satisfaire, beaucoup de moyens appartenant aux sciences humaines sont utilisées (études statistiques de population, psychologie, sociologie, étude du comportement etc…). La compétitivité va donc jouer ici dans un sens d’amélioration de la qualité de vie.
Il faut tout de même noter que la consommation de service allant de pair avec la hausse du niveau de vie, le service prendra surtout en compte les clients appartenant aux classes les plus aisées. Nous pouvons d’ailleurs utiliser la matrice d’intensité de service pour positionner les humains selon leur revenu. Nous en déduisons logiquement que les revenus les plus hauts sont situés en haut à gauche et bénéficient de services personnalisés avec une forte interaction nécessitant la présence d’un interlocuteur. En bas à droite les faibles revenus utilisent des services fortement standardisés avec une absence totale de face à face.
2 ) Le capital humain face à la nouvelle donne :
Le capital humain est le problème central, incontournable du fait de la forte imbrication entre le client et le prestataire. C’est la première source de création de la valeur dans les services, le centre de la relation, le cœur de la réussite. Une entreprise compétitive sera celle qui aura su attirer et garder les éléments les plus doués, les mieux formés. Ceux capables de mettre en œuvre leurs compétences et d’évoluer rapidement vers une autonomie. Les entreprises devront donc axer leurs efforts sur le recrutement, la formation, la promotion, la rémunération. Mais qu’appellera t-on éléments talentueux dorénavant, quels sont les changements à prévoir ?
a) Les conséquences de la priorité avant scène :
L’intérêt des clients est de profiter des services librement et aux horaires qui leur convient.
Cela oblige de l’autre coté de la barrière les professionnels du service à imposer à leurs employés des horaires contraignants. Ces derniers devront donc travailler plus en dehors des heures habituelles. La tendance observée dans les secteurs de la restauration, des loisirs ne pourra que s’étendre. Même dans le secteur public ou les employés sont protégés par un statut, les problèmes ont commencé. Les tentatives d’ouverture des guichets de l’état civil en dehors des heures de bureau (pour permettre aux utilisateurs d’établir leur demande de carte d’identité ou autre) s’opposent à de solides résistances.
L’humain en tant que client sera donc privilégié mais en tant qu’employé des services (qui seront majoritaires) il sera contraint de bousculer ses habitudes culturelles en restant «en service» le week-end ou après 17 h. Les entreprises de nettoyage par exemple obligent leurs salariés à travailler en dehors des heures d’occupation des locaux, ce qui est plutôt logique mais conduit des mères de famille à s’absenter très tôt le matin et très tard le soir, aux moments du contact traditionnel avec les enfants.
b) Le recrutement :
Les personnes chargées du recrutement devront s’adapter afin de bien cibler ce dernier et l’incarner dans une stratégie. Les qualités humaines seront certainement mises à l’honneur et réhabilitées par rapport à certaines autres plus intellectuelles.
Dans l’interaction la logique et la réflexion sont nécessaires pour comprendre les problèmes d’un client et les résoudre, mais nous avons vu que l’apparence est amplifiée aux dépends de la qualité technique, à cause du filtre du processus de délivrance. Le coté accueil sera donc privilégié. Le recrutement s’orientera vers des personnes sachant sourire, s’adapter, se mettre à la place de l’autre, calmer un interlocuteur en colère (afin d’éviter de rentrer dans le cercle vicieux d’insatisfaction négative dont parle l’auteur).
Il est prévisible que les femmes possédant plus naturellement ces qualités seront davantage recherchées.
Ce qui me paraît dangereux est que la première impression étant primordiale dans l’accueil, le recrutement risque de donner encore davantage de poids aux apparences.
De ce fait les anciens seront-ils relégués à l’arrière ? l’apparence jouant en leur défaveur.
Seront ils placés plutôt dans les services après vente, lieux ou la pondération, le sens de la diplomatie, la psychologie, sont indispensables.
c) La formation
Doit tenir une place importante en coûts et en volume. Adossée à un plan stratégique définissant les personnes formées, les raisons de leur formation et des modalités de suivi des connaissances. Elle sera forcément un élément fondamental de la société des services vu la nécessité d’une adaptation rapide aux changements du marché.
Dans un environnement instable, les savoirs et connaissances devront donc être réactualisés fréquemment. La capacité d’apprentissage diminuant avec l’âge, les plus âgés ne seront-ils pas licenciés précocement ou délaissés à l’embauche ? D’autant plus que les langues prenant une importance considérable, ils seront supplantés dans ce domaine par des jeunes mieux formés par le système scolaire aux communications internationales.
d) La rémunération
Est la
pierre angulaire d’une politique des ressources humaines dans les services,
c’est un élément déterminant des facteurs de compétitivité car il s’agit du
moyen le plus incitatif pour conserver les éléments les plus talentueux. Mais
deux politiques opposées existent :
- une stratégie de compression des coûts,
- une
stratégie ou les coûts salariaux passent au second plan et dans laquelle on
cherche à
conserver les salariés de haut niveau
par des salaires élevés.
Mais ne perdons pas de vue que les qualités demandées dans les services à
l’avant scène sont des qualités de compréhension de l’autre, d’écoute, de
souplesse de caractère (le client a toujours raison). Les salariés répondant à
ces critères ont un profil particulier qu’ils gardent bien sur dans
l’interaction avec l’employeur. Ce dernier peut en profiter pour privilégier la
stratégie de compression des coûts face à des employés certes talentueux et performants
au sens de l’interaction avec le client, mais possédant un caractère que l’on
qualifie de docile ! D’autant plus qu’en situation de concurrence accrue
il est clair que cette stratégie est la plus payante car elle réduit le coût de
revient du service.
Ce qui semble positif est la prédominance des qualités d’accueil qui sont traditionnellement des qualités féminines. Les femmes, plus talentueuses dans ce domaine obtiendront elles enfin dans les faits une égalité des salaires ou même une inégalité en leur faveur ?
Par contre avec le poids des apparences, les personnes de grande taille ou possédant un « capital beauté » plus important sont déjà mieux rémunérées que les autres sur des emplois n’ayant aucune corrélation avec le physique. Cette tendance risque de s’aggraver.
III) Le capital organisation :
Les services se distinguent réellement de l’industrie par la capacité à remettre en question l’organisation, à repenser l’efficacité afin :
- de s’adapter rapidement à la demande des clients,
- de se préparer aux fluctuations du marché.
Une organisation de service devrait donc être faiblement structurée, avec peu de niveaux intermédiaires, ce qui lui permettrait de rester souple et peu complexe. Mais cela signifie :
- Une grande polyvalence qui s’acquiert avec la formation continue.
- Une remise en question périodique des hommes et des postes à l’instar des entreprises à culture américaine (IBM) avec des incitations à prendre la porte de sortie.
- Une prise de responsabilité par les plus dynamiques, donc en général un renouvellement par la jeunesse.
Il est donc à craindre que la société de service pour garder le concept de James Teboul ne présente deux visages :
Une avant scène à visage humain, dans laquelle les relations sont plus cordiales et la vie plus facile et plus agréable.
Une arrière scène cachée, au service de cette façade, obligée de libérer son plein potentiel au dépend d’hommes plus facilement remis en cause, perdant des droits et des avantages acquis (journées de repos, horaires de travail) par souci de flexibilité et de rentabilité.
Nous avons vu aussi le rôle de l’automatisation, des nouvelles technologies qui permettent de développer de plus en plus des interactions sans face à face ou plutôt avec une interaction homme /machine (bornes, guichets automatiques). On peut déjà dormir dans certains hôtels sans avoir croisé de personnel.
L’automate est entre autre, fidèle, pratiquement inusable, extrêmement patient. Le client s’énerve devant l’employé parce qu’il sait qu’il peut obtenir une réaction en retour mais il ne se comporte pas de la même manière devant un terminal, ce dernier ne possèdent-ils pas alors une bonne partie des qualités nécessaires à l’interaction ?
La grande majorité des clients est sensible à l’élément prix. Cela conduira toujours les professionnels à essayer de standardiser et à glisser vers la partie inférieure droite de la matrice. Le fait qu’une opération soient compliquée ne fait que retarder la standardisation mais le but est d’y arriver car cela abaisse toujours le coût de revient, le personnel étant supprimé de l’avant scène.
Alors nous serons tous au service les uns des autres oui, mais peut être avec moins de contacts humains.
8) ACTUALITE DE LA QUESTION
L’apport
des services à l’industrie et aux entreprises préoccupe les pouvoirs publics et
en 1999 (année de sortie du livre de James Teboul), le secrétariat d’Etat à
l’Industrie considé-rant :
« Que
les services aux entreprises ne cessent de croître en raison du recours
croissant aux « services du savoir » de plus en plus sollicités par
les entreprises industrielles pour maîtriser les changements auxquelles elles
doivent faire face dans une économie en mutation accélérée. »
annonçait un ensemble d’actions (plus que jamais nécessaire et toujours en vigueur) visant à une meilleure connaissance des services à l’industrie et un soutien à leur développement.
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