Ingénieur en
Organisation
UV C CNAM
Chaire de
développement des systèmes d’organisations
Fiche de lecture
Knowledge Management
La nouvelle richesse des entreprises
Savoir tirer profit des actifs immatériels de sa société
TABLE
DES MATIERES
Chapitre 1 : L’auteur et sa
biographie
Chapitre 3 : Questions posées
par l’auteur
I. Les actifs
immatériels, nouvelle richesse des entreprises
II. Exploiter les
ressources illimitées de l’ère de la connaissance
III. Distinction
connaissance et compétence
IV. Le transfert
des connaissances
V. Les quatre
détenteurs du pouvoir dans les organisations du savoir
VI. Développer et
utiliser la compétence professionnelle
VII. Organiser
l’entreprise pour favoriser le transfert des connaissances
VIII. Améliorer
l’efficience et l’efficacité de l’entreprise
IX. Gérer la
composante externe de l’entreprise pour maximiser le capital immatériel
X. Comparaison
entre les stratégies de connaissance et celles de l’information
XI. L’évaluation
des actifs immatériels : état des lieux
XII. Mesurer la
compétence, la composante interne et la composante externe de l’entreprise
XIII. Mettre en
œuvre des systèmes de mesure des actifs immatériels
Chapitre 7 : Commentaires et
conclusions
OUVRAGES
§
Kunskapsföretaget, ("The Knowhow Company"
co-auth. Anders Risling), 1986.
Premier ouvrage sur le
thème des organisations du savoir
§
Managing
Knowhow,
Bloomsbury 1987, w. Tom Lloyd.
Den Osynliga
Balansräkningen
Ledarskap 1989, w. "Konradgruppen".
§
Kunskapsledning (Knowledge Management"),
Affärsvärlden 1990.
Premier ouvrage sur le knowledge management
§
Chef
i kreativ miljö
(Manager in Creative
Environments), Sv.
Dagbladet 1991
§
Kunskapsflödet ("The Flow of Knowledge")
Sv. Dagbladet 1994). (Awarded Special Prize 1995).
§
The Knowledge
Organisation Introduction, Celemi 1994
§
Kreativitet
och Makt(Creativity
and Power) Rikspolisstyrelsen 1994
§
Towards a Knowledge
Perspective on Organisation.
§
Kunskap
är Makt
(Knowledge is Power), Stockholm University Research Series 1994.
§
The New Organizational
Wealth: Managing and Measuring Knowledge-Based Assets
ARTICLES
Auditeur de 1972 à 1974, puis manager chez unilever jusqu’en 1979. C’est à cette époque qu’il rejoint le groupe Affärsvärlden comme associé. Tout en découvrant les concepts de knowledge management, il participa à la création de revues traitant de problématiques managériales.
Professeur associé de la « Swedish school of economics and business administration » d’Helsinki, professeur honoraire à la « Macquarie graduate schoole of management » de sydney, dirigeant d’une des plus grandes sociétés scandinave de presse économique (Ekonomic et Teknik Förlag). Fondateur d’une société de conseil sur le knowledge management.
Ses recherches académiques portent sur ce thème depuis 1986, ou il tente de conjuguer expérience de consultant et concepts universitaires.
L’internationalisation à marche
forcée des entreprises, le rôle accru des actionnaires étrangers dans la
gestion des sociétés, la montée en puissance des nouvelles technologies, le
bouleversement apporté par internet dans les circuits d’information et, déjà,
de distribution, malmènent nos références et perturbent nos schémas de pensée.
Nous constatons tous les jours à
quel point, dans la gestion quotidienne du corps social qu’est l’entreprise,
que ses richesses invisibles sont, par paresse ou par négligence,
ignorées ; pire, gaspillées. Comme si les considérations macroéconomiques
liées à la perçée des entreprises fondées sur le savoir et relatées sur le
terrain de la vie quotidienne ; Comme si l’acquiescement aux nouveaux
enjeux suscités par l’exigence d’une gestion optimale du capital immatériel
restaient une figure abstraite, sans applications opérationnelles possibles
pour nos organisations.
Tout en rappelant en quoi le capital
intellectuel est au centre de la création de valeur, cet ouvrage offre une
véritable démarche de « chasse de valeur » : Comment
l’identifier, la débusquer, la traquer, la pérenniser?
Il appartient cependant à chaque
entreprise de profiler sa propre démarche sur la base des
« matériaux » dont elle dispose ; en fonction de l’architecture
selon laquelle elle veut ordonner ses richesses invisibles.
L’auteur tend à démontrer la pertinence
de son modèle d’entreprise du savoir. L’approche du livre est assez
pragmatique, car offrant un certain nombre d’outils opérationnels. Pour
l’auteur les principales questions que le lecteur se pose avant de parcourir
sont ouvrage, sont :
-
Comment valoriser
le capital immatériel dans l’actif d’une entreprise ?
-
Comment
manager une entreprise à la lecture des principes du knowledge
management ?
-
Quels
indicateurs de contrôle de gestion avoir pour gérer la compétence au sein d’une
entreprise ?
-
Comment appréhender
cette dualité, entre outils comptables et nécessité de gestion des ressources
humaines ?
-
La gestion
des compétences est-elle une problématique opérationnelle ou stratégique ?
-
Comment
promouvoir en interne le recours aux principes issus de ce modèle ?
L’entreprise du savoir est un modèle au sens stricte du terme. A savoir un ensemble de faisceau d’indices et d’analyses générant ses propres éléments de réalités venant valider ce modèle.
L’auteur considère que la lecture de l’entreprise du savoir est une approche englobant les autres modèles de l’entreprise. C’est à dire un modèle qui par la liberté qu’il laisserait, et sa capacité à se concentrer sur l’essentiel des actifs d’une entreprise, garantirait une bonne gestion. Cette approche demeure partielle et partiale. Ce qui est propre à tous modèles.
Le postulat de base est donc que l’actif connaissance doit être au centre des préoccupations managérialles.
L’hypothèse de l’auteur est simple. La notion de goodwill permettant de valoriser le capital immatériel des entreprises lors des fusions acquisitions est la preuve d’un retour financer visible sur les investissements opérés sur les actifs immatériels.
Une entreprise doit pouvoir se gérer avec comme seul point focal, la maîtrise de ses connaissances et compétences. C’est à cette condition que le knowledge management prend tout son sens.
La mesure du capital immatériel répondrait à des finalités qui ne sont pas celles des outils de gestion classiques. En mesurant des valeurs financières, on ne peut pas mesurer ce qui n’est pas par essence financière. Par contre, la mesure des répercutions d’une politique de gestion des actifs immatériels, peut être perçue par l’emploi de ces mêmes outils de contrôle. Par analogie, cela reviendrait à expliquer des variations macroéconomiques par des variables microéconomiques.
Il s’agit donc plus d’un travail de persuasion avec des outils classiques, qu’une démarche scientifique.
A la bourse de New York, les actions de
Microsoft s’échangent en moyenne à un prix dix fois supérieure à leur valeur
comptable. Ce qui signifie que pour chaque dollar de valeur comptable, le marché
boursier est prêt à payer une prime de 9 dollars qui n’apparaît aucunement dans
le bilan comptable de Microsoft.
Pour les analystes financiers, la
différence entre le cours des actions et la valeur boursière se justifie par
l’extrême rentabilité du titre et sa croissance fulgurante. Pourquoi Microsoft
est elle si rentable ? Quel est cet actif mystérieux et hautement
productif dont dispose cette dernière ?
Lorsque l’on analyse la composition de
la valeur marchande des entreprises, on observe que la différence entre valeur
marchande et valeur comptable dépend moins des actifs corporels que des actifs
incorporels.
Etant donné que les sociétés n’échangent
pas leurs actifs incorporels, la valeur de ceux-ci ne peut être déduite des
transactions habituelles sur le marché, contrairement à ce qui se passe pour
les actifs corporels. Cette valeur n’apparaît donc que de façon indirecte, sur
le marché boursier ou lorsqu’une entreprise change de mains. Quant une société
en acquiert une autre, et que le montant d’achat est supérieur à la valeur
nette comptable, le supplément de prix est appelé goodwill. La valeur de
cette dernière est intégrée à la comptabilité sous la forme d’une somme
forfaitaire qui est ensuite amortie sur une période pouvant atteindre quarante
ans.
La valeur boursière d’une entreprise
correspond à l’évaluation de ses actions par le marché. Chaque action
représente une part du capital, une partie de la valeur comptable de la
société. Lorsque la cotation est supérieure à la valeur comptable, la théorie boursière
traditionnelle considère ce supplément comme l’évaluation, par le marché, du
potentiel de bénéfices futurs. C’est ce potentiel qui est converti en goodwill
si la société est vendue. Il doit donc y avoir quelque chose dans les actifs de
l’entreprise qui rapportera plus qu’un placement bancaire. Ce quelque chose est
incorporel.
Aucune transaction commerciale ne se
fait sans intervention humaine. Tous les actifs, corporels ou incorporels, et
toutes les structures des sociétés sont le résultat d’actions humaines et
dépendent des collaborateurs de l’entreprise pour continuer d’exister. Les gens
n’existent dans leur environnement qu’au travers d’intermédiaires tangibles
-lorsqu’ils cultivent leur jardin, achètent une maison ou une voiture- ou
intangibles –lorsqu’ils ont des idées et entrent en relation avec d’autres
personnes ou avec des institutions.
Pour Marshall McLuhan (1967), ces
intermédiaires intangibles sont des media, ce que rappelle sa célèbre
formule : « le médium est le message ». L’auteur s’est inspiré
de ces travaux pour identifier les composantes internes et externes.
Schématiquement, diriger des efforts
vers l’intérieur revient à créer des composantes incorporelles internes comme
les processus ou l’inventivité. Diriger des efforts vers l’extérieur permet
d’obtenir des produits tangibles –commercialisables- mais aussi des composantes
externes incorporelles telle que la relation clientèle.
La production consiste souvent tout
autant, voire davantage, à créer des structures de savoir, qu’à fabriquer des
produits.
Le rôle des cadres dirigeants est de
développer les actifs de l’entreprise. Mais la tâche devient difficile lorsque
les actifs sont immatériels.
La valeur commerciale des relations
clients n’est pas plus invisible que la valeur marchande d’une usine. Elle est
considérée comme telle car ne répondant à aucune définition communément
acceptée ou mesures standardisées. Ce qui ne signifie pas qu’il soit impossible
ou inutile d’en évaluer la qualité. Il devient seulement difficile de comparer
les résultats obtenus pour différentes entreprises. Il convient pour cela de
repérer des classes d’actifs incorporels au sein des entreprises.
Il en existe trois :
-
Compétence
des collaborateurs
Il s’agit de la mesure de la capacité à
agir, des collaborateurs, dans une grande variété de situations pour créer
aussi bien des actifs corporels et incorporels, même si cette dernière n’est
pas toujours considérée comme actif incorporel de l’entreprise.
L’auteur préconise la présence au bilan
des actifs incorporels, « car on ne peut imaginer une entreprise sans
employés ». Selon lui les dédommagements offerts aux salariés suite à
un départ ou à une retraite, correspondent à des promesses ou engagements
financiers, par exemple des emprunts ou contrats de locations. Elles
constituent une forme de financement invisible de la compétence des
collaborateurs.
Les entreprises du savoir (celles dont,
par opposition aux entreprises industrielles notamment, l’outil de production
est essentiellement la matière grise) dépendent avant tout de leurs employés
qui, seuls à pouvoir agir, deviennent tout à la fois les responsables des
machines et les machines elles-mêmes.
-
Composante
interne
La composante interne comprend les
brevets, les concepts, la culture d’entreprise, les modes de fonctionnement
ainsi que l’organisation administrative de l’entreprise. Ces éléments sont
crées par les employés et habituellement détenus par l’entreprise.
-
Composante
externe
La composante externe comprend les
relations avec les clients et les fournisseurs. Elle recouvre les noms de
produits, les marques déposées et la réputation ou l’image de l’entreprise.
Certains éléments appartiennent juridiquement à l’entreprise, mais les
investissements dans la composante externe ne peuvent cependant pas être réalisés
avec le même degré de confiance que dans la composante interne. La valeur des
actifs de la composante externe dépend en effet principalement de la façon dont
la société gère ses relations avec ses clients, et cela fait donc toujours
intervenir un facteur d’incertitude dans la mesure où la réputation d’une
entreprise et la nature des relations qu’elle entretient avec ses clients
peuvent se modifier avec le temps.
Le graphique suivant, présente la
structure d’un bilan qui comprendrait les trois catégories d’actifs incorporels
décries ci-dessus.
|
Actifs
corporels |
Financement
visible |
|
||
Trésorerie |
|
|
Visible |
||
Créances à
voir |
|
|
Emprunt à long terme |
||
Ordinateurs,
locaux |
|
|
Capital et fonds propres
visibles |
Composante
externe |
|
|
Capital et fonds propres
invisibles |
||
Composante
interne |
|
|
Invisible |
||
Compétence des
collaborateurs |
|
|
Obligations |
||
|
Actifs
incorporels |
Financement
invisible |
|
Le financement visible est
habituellement très simple : il comprend le capital (apporté par les
actionnaires), les emprunts à court terme et quelques emprunts à long terme qui
sont souvent difficiles à obtenir car l’absence de contreparties tangibles met
les banques mal à l’aise.
Les actifs invisibles sont donc financés
par des capitaux invisibles ainsi que par des engagements conditionnels envers
les employés (indemnités de départ, « golden parachutes »…).
Les actifs incorporels peuvent être
néanmoins aisément repérés et répartis dans les trois catégories présentées
précédemment.
Capital
visible : (valeur
comptable) Actifs corporels, moins la dette visible
Actifs immatériels Valorisation du prix des actions par le marché
Composante
externe : Marques,
relations avec les fournisseurs et clients
Composante
interne :
Organisation, encadrement, statut juridique, procédés, politiques commerciales,
recherche et développement, logiciels
Compétence
individuelle : Education
et expérience
Il existe un certain nombre
d’entreprises qui ont impactés leurs modes de gestion par une bonne
appréhension des domaines de la connaissance.
L’auteur développe ici un concept phare,
la notion d’entreprise du savoir, en tirant les enseignements d’une
analyse de Microsoft et de Saatchi & Saatchi.
Dans les entreprises du savoir, la
plupart des employés sont des professionnels hautement qualifiés et très
diplômés, c’est à dire des travailleurs du savoir. Leur tâche consiste
en grande partie à transformer l’information en savoir en utilisant
principalement leurs propres capacités, ou en faisant parfois appel à des
fournisseurs d’information ou d’un savoir spécialisé. Les actifs incorporels
sont donc bien plus précieux que les actifs corporels.
L’existence de ces entreprises dépend de
groupes locaux de clients et de fournisseurs qui alimentent et développent leur
base de connaissance.
Le domaine des sociétés de services
recouvre en grande partie celui des entreprises du savoir. Ces dernières ont
d’ailleurs connu une croissance rapide et soutenue.
Aux USA le nombre de sociétés de service
a dépassé, en 1995, celui des sociétés industrielles.
Entre 1989 et 1993, la moitié des
entreprises ayant connu les plus forts taux de croissance pouvaient être
considérés comme des entreprises du savoir. Les statistiques économiques
officielles de l’époque ne montrent pas clairement cette tendance car elles
restent construites autour de l’idée que la production de biens est seule
déterminante.
Cette croissance ne s’émousse pas, même
lorsque la conjoncture n’est pas favorable.
Les produits fournis sont distinguables
des autres, ils ont en effet trois particularités :
-
Le coût de
développement est très élevé, mais son coût de production très faible
-
La
fidélisation de clientèle est plus systématique
-
Plus les
prestations sont à forte valeur ajoutée, plus le suivi du client doit être
poussé
La production de bien de service comme
des prestations intellectuelles ou des logiciels est une exception à la loi des
rendements décroissants. En cela que l’augmentation de la production n’entraîne
pas à la longue une augmentation du coût marginal.
Cette loi s’applique dans un monde aux
ressources limitées, et pour les secteurs d’activité ou l’on produit en grandes
quantités.
Une économie qui repose sur le savoir et
l’information dispose donc de ressources illimitées.
A l’inverse des ressources matérielles,
le savoir s’accroît lorsqu’il est partagé. Cependant, la distinction entre les
entreprises qui vendent les produits d’un savoir, et celles qui vendent leur
capacité à appliquer un savoir est très importante, car elles n’ont pas les
mêmes moyens d’obtenir des rendements croissants. Dans le premier cas, elles
dépendent de l’information, dans le second, du savoir.
La production humaine peut être
considérée comme une création de savoir, tout comme la distribution peut être
considérée comme une production de savoir réalisé en collaboration avec les
clients.
La gestion d’une entreprise du savoir
c’est donc l’application d’une logique différente de la logique industrielle
classique.
Rubrique |
Logique
industrielle |
Logique du
savoir |
Collaborateurs |
Générateurs de coûts ou
ressources |
Générateurs de gains |
Source du pouvoir de
l’encadrement |
Niveau hiérarchique |
Niveau de savoir |
Conflits potentiels |
Travailleurs physiques
contre détenteurs du capital |
Travailleurs du savoir
contre décideurs |
Principale tâche de
l’encadrement |
Superviser les subordonnés |
Aider les collaborateurs |
Information |
Instrument de contrôle |
Outil de communication,
ressource |
Production |
Travailleurs physique
transformant des ressources matérielles en produits matériels |
Travailleurs de savoir
transformant des connaissances en structures immatérielles |
Flux d’information |
Hiérarchique |
Réseaux informels |
Forme principale des gains |
Matérielle (agents) |
Immatérielle
(connaissance, nouvelles idées, nouveaux clients, R & D) |
Freins à la production |
Finances et compétences
humaines |
Temps et savoir |
Forme de la production |
Produits matériels |
Structures immatérielles |
Forme de la production |
Mécanique, séquentielle |
Induite de portée des
réseaux |
Relation avec les clients |
A sens unique par les
marchés |
Interactives au moyen des
réseaux |
Savoir |
Outils ou ressources parmi
d’autres |
Préoccupation majeure de
l’organisation |
Objectifs de formation |
Utilisation de nouveaux
outils |
Création de nouveaux
actifs |
Valeur en bourse |
Induite par les avoirs
matériels |
Induite par les avoirs
immatériels |
Economie |
Rendements décroissants |
Rendements croissants et
décroissants à la fois |
La production humaine peut donc être
considérée comme une création de savoir, tout comme la distribution peut être
considérée comme une production de savoir réalisée en collaboration avec les
clients.
La compétence des collaborateurs n’est
pas simplement l’un des trois actifs immatériels d’une entreprise, c’est
également l’origine de ses composantes internes et externes telles qu’elles ont
été définies.
La distinction connaissance/compétence
n’est pas aisée à cerner, tant les contours de ces concepts sont flous.
Le mot connaissance a de multiples sens.
Il peut désigner l’information (avoir connaissance de quelque chose), la
conscience, le savoir, la science, l’expérience, le talent, la perspicacité, la
compétence, le savoir-faire…
La définition est donc essentiellement
contextuelle.
On peut définir la connaissance à l’aide
de ses quatre caractéristiques :
-
La
connaissance est tacite :
La connaissance pratique est bien
souvent pratique (conduire une voiture, jouer au tennis).
Une connaissance ne peut être expliquée
par un ensemble de règles articulées ou d’algorithmes.
Elle est en même temps publique et, dans
une large mesure, personnelle (parce qu’elle est élaborée par des hommes, elle
n’est pas exempte d’émotions ou de passions).
Sous la connaissance explicite, il y a
une connaissance sous-jacente et fondamentale. Toute connaissance est soit
tacite soit enracinée dans la connaissance tacite, c’est à dire dans la
pratique.
-
La
connaissance est orientée vers l’action :
Des connaissances nouvelles sont sans
cesses générées en permanence. L’acquisition de nouvelles connaissances passe
par une phase plus ou moins brève d’apprentissage. Cette phase consiste à
recueillir des indices fragmentaires par l’intermédiaire de nos perceptions
sensorielles et de notre mémoire, et à les classer en catégories. Un sens est
donc donner à la réalité en la décomposant en théorie, méthodes, sensation,
valeurs et aptitudes techniques qui seront utilisées d’une manière que la
tradition juge valide.
-
La
connaissance repose sur des règles :
Il en existe pour mettre en œuvre
consciemment et inconsciemment la connaissance. Notre cerveau emmagasine des
modèles qui agissent comme autant de règles inconscientes pour que nous
puissions faire face à toutes les situations imaginables. Ces règles jouent un
rôle vital dans l’acquisition et dans l’amélioration des compétences. Elles
peuvent donc filtrer ces dernières. Il s’agit de la « représentation du
monde » des individus.
-
La
connaissance évolue constamment
La connaissance peut se définir comme un
objet qui s’articule en mots. Lorsque la connaissance tacite devient explicite
par le langage, elle devient statique. Elle peut alors être soumise à la
réflexion, critiquée et améliorée.
La connaissance humaine est donc tacite,
centrée sur l’action, fondée sur des règles ; elle est individuelle, et en
constante évolution. La connaissance explicite est donc indépendante de la
personne qui l’a créée.
La compétence est, quant à elle,
constituée de cinq éléments interdépendants :
-
Connaissance
explicite :
Suppose la connaissance de fait. Essentiellement acquise par l’information.
-
Aptitude : C’est le savoir faire, le talent ou
l’art du « savoir comment ». Elle suppose une capacité effective
physique et intellectuelle.
-
Expérience : L’expérience est principalement acquise
par une réflexion sur les erreurs et les réussites passées.
-
Jugements
de valeur : Les
jugements de valeurs sont des perceptions de ce que la personne pense être
juste. Ils agissent comme des filtres.
-
Réseau
social : Le réseau
social est constitué des relations de l’individu avec d’autres dans un
environnement et une culture transmise par tradition.
L’information (connaissance explicite)
n’est qu’un élément de la compétence.
La connaissance humaine peut être
considérée selon une sorte de hiérarchie où la capacité occuperait l’échelon du
bas (la plus commune), la compétence se situerait un peu plus haut, et
l’expertise au sommet (la plus rare). Il n’est pas possible de transférer
l’expertise. Le pouvoir de l’expertise tient au fait qu’elle influence la
manière de penser et de se comporter.
La connaissance peut être transférée de
deux manières. L’information transfère la connaissance indirectement par
l’intermédiaire de moyens de communication tels que les cours magistraux et les
présentations audiovisuelles ; la tradition transfère la connaissance
directement, d’une personne à une autre, par l’apprentissage fondé sur la
pratique.
Information |
Tradition |
Transferts formalisés
d’informations |
Transmet des capacités non
formalisées et formalisées |
Indépendamment de
l’individu |
En fonction et
indépendamment de l’individu |
Statique |
Dynamique |
Rapide |
Lent |
Codifié |
Non codifié |
Diffusion de masse facile |
Diffusion de masse
difficile |
La connaissance naît, selon Nonaka et
Takeuchi, d’une interaction entre deux types de connaissances, explicite et
tacite. Ce serait la raison pour la quelle les entreprises japonaises ont
beaucoup innové, selon ces derniers, dans les années 1980. Ils ont établi un
modèle de transfert de connaissance. De tacite à explicite et inversement.
Vers
Connaissance tacite Connaissance
explicite
Socialisation |
Externalisation |
Internalisation |
Combinaison |
Connaissance tacite Connaissance
explicite
-
La
socialisation :
C’est un processus de partage de l’expérience (façon de penser ou gestes
techniques) et par-là même de création de connaissance. Ainsi, par exemple,
lorsque des apprentis travaillent avec leur maître, ils améliorent leur
dextérité par observation, imitation et pratique. Le langage n’est pas
suffisant.
-
L’externalisation : C’est un processus de formalisation de
la connaissance tacite en concepts explicites. Dans le langage parlé, ce sont
des métaphores, des modèles, des concepts et des équations qui expriment sous
une forme réduite et quelque peu déformée la connaissance tacite d’une
personne. Les ouvrages de management sont des exemples d’externalisation.
-
La
combinaison :
C’est un processus de systématisation des concepts explicites en un système de connaissance,
c’est à dire la combinaison – par l’analyse, la catégorisation et la
reconfiguration de l’information – de différents corps de connaissances
explicites en une nouvelle connaissance explicite. Cette forme de conversion de
connaissance est utilisée dans les universités et autres types d’enseignement
formel. Les bases de données et les réseaux informatiques en sont les nouveaux
outils.
-
L’internalisation : C’est l’absorption de la connaissance
explicite dans la connaissance tacite. Elle est très proche de l’apprentissage
par la pratique. L’internalisation est facilitée si la connaissance est
exprimée par des mots sous forme de récits oraux ou si l’on utilise de la
documentation. Les simulations représentent une autre manière de réaliser ce
type de conversion pour améliorer la création de connaissance.
L’information et la connaissance doivent
être considérées comme radicalement différentes. L’information est entropique
(chaotique) ; la connaissance est non entropique. Le destinataire de
l’information – et non l’émetteur – lui donne un sens. L’information en tant
que telle est dénuée de signification. L’information est parfaite pour diffuser
la connaissance formalisée mais elle n’est ni fiable, ni efficace pour
transférer la connaissance d’une personne à une autre. La tradition doit être
utilisée pour transférer la connaissance. Les jeux, les modèles de simulation,
et les jeux de rôle constituent de bonnes méthodes d’apprentissage
traditionnelles dans lesquelles l’étudiant recrée personnellement les aptitudes
les aptitudes techniques du maître.
Dans une entreprise du savoir, le
transfert des connaissances par la pratique suppose deux traditions
distinctes : la tradition professionnelle (ou de l’expert) où du
spécialiste comme véhicule de la tradition, et la tradition organisationnelle,
où le manager transmet la connaissance.
La tradition de la connaissance
organisationnelle est similaire à celle de la connaissance professionnelle mais
elle n’est pas aussi forte. La connaissance organisationnelle est transférée
par les managers lorsqu’ils passent d’une entreprise à une autre, ainsi que par
les écoles de commerce et de gestion, les universités et les consultants.
Les spécialistes et managers
appartiennent à deux traditions différentes. La principale différence tient
probablement au fait que la compétence organisationnelle s’attache à influencer
la manière dont les autres personnes utilisent leurs connaissances. Au cours de
leur carrière, les spécialistes et les managers tendent par conséquent à
développer leurs compétences suivant des voies différentes, sauf s’ils sont
contraints à ne pas le faire.
Lorsqu’une entreprise est
essentiellement composée de spécialistes qualifiés qui utilisent leur
créativité pour résoudre des problèmes complexes, elle fonctionne d’une manière
particulière qui est le reflet des forces qui l’influencent et la contrôle. Ces
mêmes forces existent dans toutes les organisations qui emploient un personnel
hautement qualifié. Plus on se rapproche de l’archétype de ces organisations
qui emploient un personnel hautement qualifié. Plus on se rapproche de
l’archétype de ces organisations du savoir – le cabinet de conseil – plus ces
forces jouent un rôle important.
De nombreux dirigeants pensent gérer
leur société. En fait, ils ne font que l’autoriser à ce gérer elle-même.
Ils ne comprennent pas les relations de pouvoir existantes, et leur jugement
est faussé.
Les luttes de pouvoir dans une
organisation du savoir apparaissent généralement entre représentant des deux
traditions de la connaissance : la connaissance professionnelle et la
connaissance organisationnelle. Dans ce cadre l’entreprise emploie quatre
acteurs principaux :
-
L’expert
-
Le manager
-
Le
personnel d’assistance technique
-
Le leader
Comprendre les objectifs de ces quatre
acteurs peut nous montrer comment gérer avec succès un organisme ou comment il
fonctionnerait s’il était dépourvu de direction.
Compétence organisationnelle
-
L’expert : Il s’agit de spécialiste, détenteur d’une
certaine autorité. Ils représentent l’élite. Ils aiment les problèmes
complexes. Ils ne se soucient pas des règles qui limitent leur liberté
individuelle, la routine la bureaucratie. Ils ne délèguent pas et n’admirent
que les personnes possédant une expertise supérieure à la leur. Ils méprisent
les gens de pouvoir.
-
Le
manager : A de
nombreux titres, les managers sont à l’opposé des experts. Quant ces derniers
travaillent uniquement avec des clients et avec d’autres spécialistes, les
managers utilisent leur compétence organisationnelle pour surveiller le travail
des autres. Ils sont capables d’organiser et de diriger. Ils doivent conduire
des activités avec l’aide d’autrui. Le rôle du responsable d’équipe ou du chef
de projet est prépondérant dans les organisations basées sur le savoir.
Habituellement, les responsables d’équipes sont des experts et ils ont tendance
à considérer leur rôle de direction comme accessoire par rapport à leur
fonction de spécialiste. Ceci contraste avec les dirigeants industriels
traditionnels qui gèrent des départements, des services ou des divisions
fonctionnelles.
-
Le
personnel d’assistance : Le personnel d’assistance est constitué d’agents administratifs,
d’assistants, de secrétaires, de réceptionnistes et de standardistes. Par
rapport aux experts, le personnel d’assistance connaît peu de chose sur l’objet
de l’activité de leur entreprise. Ils ont un rôle de support.
-
Le
leader : Il s’agit
de personnes qui ont à la fois un niveau élevé de compétence professionnelle et
de compétence organisationnelle. Les leaders sont souvent d’anciens experts.
Un leader
est capable de changer les choses alors qu’un manager les préserve.
De
nombreux managers sont des leaders, mais la plupart ne le sont sans doute pas
Les leaders
sont des personnes importantes dans une organisation basées sur le savoir, et
ils sont souvent plusieurs.
La fonction
de direction implique deux tâches. Décider de la direction que doit prendre
l’entreprise et persuader les autres de la suivre. Les meilleurs leaders des
entreprises du savoir sont en général d’anciens experts, mais ils sont rarement
les experts les plus en vue.
La gestion de la compétence implique de
bien cerner la façon dont les employés, et notamment les experts, doivent être
recrutés, formés, motivés et récompensés.
Derrière l’utilisation des compétences
se trouve la nécessité pour les entreprises de ne pas être dépendant d’un ou
plusieurs experts. Il faut développer une stratégie agissant à la fois sur les
processus de recrutement et de gestion de personnel, ainsi que sur la mise en
valeur des compétences des salariés. Les managers ont donc tout aussi besoins
d’une stratégie pour le marché des ressources humaines (notamment pour le
recrutement d’expert dans un marché du travail tendu) que pour celui des
clients.
Les experts se gèrent donc différemment.
Que ce soit pour leur motivation, leur gestion de carrière, leur rôle au sein
de l’entreprise.
Un expert qui plafonnera au niveau de
ses compétences, sera plus souvent reclassé que licencié.
Il existe donc un cycle de vie de
l’expertise. Trois catégories d’experts.
Le cycle de vie de la superstar mont en
flèche, puis retombe brutalement. Il est caractérisé, dans un premier temps,
par une créativité sans relâche, voire débordante, qui est souvent associée à
peu de réflexion.
Le cycle de vie de l’homme d’état est
radicalement différent. Ce type de professionnel parvient à mieux se stabiliser
au fil des années, et arrive facilement à nouer des relations personnelles. Les
exemples sont Marvin Bower pour Mc Kinsey, David Packard pour Hewlett Packard.
L’évolution de carrière d’un expert suit
un cycle. Pour éviter que les experts atteignent leurs limites, les dirigeants
des entreprises du savoir doivent maintenir un juste mélange des tranches
d’âges.
La composante interne correspond au flux
de connaissance qui circule dans l’entreprise – les brevets, les concepts, les
modèles et les systèmes d’information et administratifs qui aident les experts
impliqués dans le processus de création de connaissance avec les clients. Dans
la mesure où les collaborateurs sont associés à cette composante interne pour donner
corps à l’entreprise, gérer et diriger cette composante revient à gérer et
diriger l’entreprise.
Dans une organisation basée sur le
savoir, la tension entre les experts et leurs clients, ainsi qu’entre les
experts et les managers est une composante interne critique qu’il convient de
gérer.
Les flux d’informations sont dans ce
cadre précis, une composante interne de l’entreprise. Si cette dernière est
gérée correctement, la compétence de l’entreprise augmente et les relations
avec les clients s’améliorent.
Les différences entre la tradition
professionnelle personnifiée par les experts et la tradition organisationnelle
de l’entreprise créent une tension qui peut dynamiser des projets. Mais elle
peut également déboucher sur une épreuve de force. SI les principaux dirigeants
ne le comprennent pas, ce sont les experts qui finissent par contrôler
l’entreprise.
La tension entre experts et managers
peut se transformer en créativité ou instaurer un équilibre de la terreur. Pour
tirer profit de cette tension, certaines entreprises ont recours à un système
de direction en tandem.
Les travailleurs du savoir transforment
la connaissance en connaissance explicite, en général sous la forme
d’informations.
La rencontre avec le client crée une
énergie qui favorise la créativité. L’alchimie entre le client et l’expert
transmet de l’énergie à l’entreprise. Le choix de client approprié est un enjeu
stratégique crucial pour toutes les organisations fondées sur le savoir.
L’utilisation des capacités détermine la
rentabilité à court terme des entreprises de services.
Il existe trois structures
non-informatisées pour transférer la connaissance tacite : La
socialisation par des bureaux ouverts, la socialisation par le parrainage et
les équipes, et l’intériorisation par simulation.
Les conséquences de la taille sur
l’efficience et l’efficacité de l’entreprise du savoir – c’est à dire sur la
composante interne – restent largement incomprises. Pourtant, la taille détermine
les options stratégiques que peut prendre l’entreprise pour assurer sa
croissance.
Bien que les organisations basées sur le
savoir aient un avantage marketing indéniable lorsqu’elles sont de plus grande
taille, plusieurs études indiquent que cette dimension ne leur permet aucune
véritable économie d’échelle au niveau de la production. Le seuil de cinquante
salariés semble à cet égard constituer un maximum pour une entreprise du savoir
ou une unité d’activités fondées sur le savoir.
Dans le secteur de la presse par
exemple, des salariés mieux formés ont démontré qu’ils pouvaient accroître
l’efficience de l’entreprise.
Les grandes entreprises peuvent gagner
en efficience en se subdivisant en plusieurs équipes de
« professionnels » autrement dit des groupes d’experts qui coopèrent
au sein d’une structure administrative et commerciale globale.
Les îlots d’experts – les experts
formant leur propre « club » et partageant leur propre culture –
peuvent poser des problèmes aux grandes entreprises. Les solutions sont
l’intégration, la sous-traitance externe et interne.
Une étude récente montre que deux tiers
de la croissance des entreprises du savoir proviennent de ce marché de la
sous-traitance.
Gérer la composante externe de
l’entreprise, revient à gérer les flux externes de connaissance associés aux
relations entretenues avec les clients et avec les fournisseurs. Bien entendu,
ce champ de compétence inclut de nombreux domaines (le commercial, les
relations publiques, le marketing, etc.) qu’un livre comme celui-ci ne
suffirait pas à traiter. Il existe deux stratégies de gestion de la composante
externe de l’entreprise : la stratégie centrée sur l’information et la stratégie
centrée sur la connaissance.
L’information est une ressource
précieuse, qui permet d’améliorer les décisions et de réduire les risques. Mais
le comportement des marchés de l’information financière suggère plutôt le
contraire.
La sur-information des acteurs
financiers ne garantie pas une amélioration de la qualité des prises de
décisions.
Il existe trois grandes catégories de
valeur ajoutée et trois grandes périodes de temps. On peut les classer de la
manière suivante :
Niveau 1 : Liste des cotations. Aucune
valeur ajoutée.
Niveau 2 : Informations et
nouvelles. Une certaine valeur ajoutée.
Niveau 3 : Analyse. Forte valeur
ajoutée.
0,01 0,1 1 10 100 1000 Délai de livraison
(heures)
Le graphique ci-dessus présente le
marché de l’information financière en Suède en 1990.
Les médias qui utilisent des moyens
informatiques et fonctionnent en temps réels se sont emparés du marché de
l’information rapide. Les prix varient en fonction à la fois de la valeur
ajoutée et du temps. Une information codifiée et facilement diffusée (cours des
actions, par exemple) a la plus faible valeur sur le marché. Les trois niveaux
de valeur ajoutée semblent décrire une courbe approximativement logarithmique
et sont fortement influencés par le facteur temps.
Le coût des informations sur les cotations
(niveau 1) est tombé au niveau du seul coût de transmission des données
numériques. Cette information ne vaut désormais guère plus que ce qu’elle coûte
de l’extraire d’une base de données informatisée. La valeur de ce type
d’information chute en effet rapidement à mesure qu’elle devient de plus en
plus accessible.
Le prix de simples informations écrites
(niveau 2) est également en chute, car plus le délai de réalisation est long,
plus l’information doit être peu coûteuse pour trouver un marché. La baisse est
plus lente pour les informations qui présentent une plus forte valeur ajoutée
(niveau 3), mais les prix sont, là encore, très sensibles au facteur temps. Les
médias rapides sont en pleine croissance, tandis que les plus lents stagnent.
Si nous devions choisir entre délai de réalisation et valeur ajoutée, il semble
qu’il faille préférer le délai.
L’information est une marchandise de
grande consommation à très faible durée de vie. Rares sont les gens prêts à
passer du temps à lire et analyser ces informations. Il y a bien excès d’offre
par rapport à la demande.
Il existe un certain nombre de paradoxes
sur le fonctionnement du marché de l’information :
-
Sur les
marchés de l’information, les fournisseurs paient et non les consommateurs.
L’information devient une ressource négative.
-
Quant un
marché s’informatise, les risques augmentent et la valeur commerciale des biens
chute.
-
C’est le
temps, et non l’argent, qui constituent la monnaie d’échange sur les marchés
informatisés.
-
La vitesse
à laquelle l’information circule est plus importante que son contenu.
-
Ajouter de
l’information tend à obscurcir, pas clarifier.
-
Les
opinions subjectives ont plus de valeur que les faits objectifs.
-
Le
principal effet de l’informatisation d’un marché est qu’elle oblige les acteurs
à courir plus vite juste pour rester à la même place.
Une stratégie centrée sur l’information
peut rapporter des profits croissant principalement en s’adaptant au
développement des techniques de l’information : en offrant un bas niveau
de personnalisation, en visant des marchés de masse, et en exploitant les
faibles coûts de production inhérents à la copie des logiciels. Dans cette
stratégie, les salariés sont considérés comme des coûts.
L’alternative de la stratégie centrée
sur la connaissance génère une gamme plus étendue de revenus incorporels.
Le schéma ci-dessus présente les revenus
incorporels apportés par les salariés, les fournisseurs et les clients.
Les revenus incorporels peuvent se
classer en trois types d’actifs incorporels.
Amélioration de la composante externe
(relations avec les clients) |
Amélioration de la composante interne |
Accroissement des compétences des
personnes |
Consultations par de nouveaux clients
(abaissant les coûts de vente et de marketing) |
Mise en valeur de projets R&D (par
la réutilisation de solutions développées pour un client) |
Apprentissage (formation pendant le
travail) |
Prestige (facilitant les ventes et le
recrutement) |
Projets qui facilitent le transfert de
connaissances (réduisant la dépendance vis à vis à certaines personnes) |
Idées (pour de nouveaux produits ou
services) |
Le tableau ci-dessus présenta les trois
types de revenus invisibles : ceux qui améliorent les relations avec les
clients, ceux qui améliorent la composante interne et ceux qui accroissent les
compétences.
C’est de ce modèle que l’auteur a tiré
son analyse du fonctionnement du cabinet Mc Kinsey. Le tableau ci-dessous est
une synthèse de ses conclusions.
Action |
Lien entre la création de savoir et la
création de revenus incorporels |
Sélection rigoureuse des meilleurs
jeunes faciles à former |
Crée une arrivée de nouvelles
compétences avides d’apprendre |
Plans de carrière « ascension ou
sortie » ; ne pas permettre de plafonnement |
Les individus sont encouragés à
maintenir une courbe d’apprentissage ascendante ou à s’en aller ;
entraîne également le roulement nécessaire |
Maintenir le concept de ne former
« qu’une société » (forte culture d’entreprise) |
Crée une tradition forte qui améliore
le transfert du savoir |
Utiliser des jeunes aux tâches
routinières |
Permet une tradition de connaissance
tacite |
Placer le client en premier, puis la
société, et enfin le consultant |
Ce code éthique donne importance et
sens à la création de savoir |
Etablir des relations personnelles
étroites avec quelques clients sélectionnés |
Une bonne alchimie conduit à des
références, un top niveau industriel, peut être la prochaine mission |
Traiter l’image comme un actif
important |
Réduit les coûts de marketing |
Assurer que les jeunes reçoivent les
leçons des plus anciens dans une relation de maître à apprenti |
Permet une tradition de connaissance
tacite |
Traiter les collaborateurs qui sont
partis comme une université traite ses anciens étudiants |
Au lieu de créer des ennemis qui
pourraient nuire à l’image, le maintient de relations peut conduire à de
nouveaux clients |
S’engager dans les missions
importantes qui permettent le travail an équipe |
Les équipes facilitent l’établissement
d’une tradition de connaissance tacite entre membres |
Développer ses propres concepts de
conseil |
La création de nouvelles connaissances
remplace un département de R&D |
Diffuser le concept par des livres et
des séminaires |
Influence l’état d’esprit des clients
potentiels ; crée des standards |
Se concentrer sur le client plus que
sur le marché |
Le savoir passe par les relations, pas
par les marchés |
Créer des systèmes de partage de
l’information |
Contribue à la combinaison du savoir |
Facturer les interventions d’équipes,
pas d’individus |
Compense les rémunérations élevées des
supérieurs |
Une stratégie centrée sur la
connaissance peut donc s’avérer très compétitive surtout quant elle est sorite
des sentiers battus.
L’auteur compare les stratégies en terme
de gestion de l’information et des connaissances d’un certain nombre
d’entreprises caractéristiques de leur marché. Le tableau ci dessous en est la
synthèse comparative.
Stratégie
centrée sur l’information |
Stratégie
fondée sur la connaissance |
-
Faible
niveau de personnalisation -
Connaissance
vendue comme produit dérivé -
Profits
croissants tirés de l’efficience -
Avantage
par économie d’échelle dans la production -
Volumes
importants et marché de masse -
Investissement
en informatique -
Personnel
considéré comme coût |
-
Haut
niveau de personnalisation -
Connaissance
vendue comme procédé -
Profits
croissants tirés de l’efficacité -
Désavantage
par économie d’échelle dans la production -
Faibles
volumes et clients individuels -
Investissement
en personnel -
Personnel
considéré comme un revenu |
Une stratégie centrée sur la
connaissance est applicable à des secteurs et organisations très divers, car
toute organisation dispose de gens compétents, d’une composante externe dont la
gestion est susceptible de tirer des revenus visibles et invisibles de ses clients.
Dans l’industrie manufacturière, les
gestionnaires ont le pouvoir. Mais dans une entrepris du savoir, la stratégie
de l’entrepris est très liée à la tradition de savoir qui exerce le contrôle.
Les experts choisiront probablement un axe professionnel de
développement ; les gestionnaires, un axe organisationnel.
Les stratégies centrées sur
l’information conservent beaucoup d’attributs hérités de l’ère industrielle.
Elles ont tendance à sous utiliser les actifs incorporels et sont faciles à
copier.
Les stratégies centrées sur la
connaissance sont plus efficaces qu’efficientes ; on peut les quantifier
et les contrôler ; elles sont difficiles à copier, donc moins risquées.
Elles peuvent servire dans tous les secteurs, y compris la production industrielle.
Dans ce domaine, les entreprises deviennent de plus en plus dépendantes du
savoir à mesure que les quelques ouvriers qui leur restent deviennent aussi
précieux que des experts, et qu’elles sont amenées à proposer des solutions
plutôt que des produits.
Les systèmes destinés à évaluer les
actifs incorporels sont restés jusqu’à maintenant entachés par l’utilisation de
variables financières héritées de l’ère industrielle, qui charrient avec elles
une optique propre à cette époque.
La notion d’investissement :
-
Motivation: augmenter la rentabilité à long terme
en sacrifiant de la trésorerie à court terme
-
Traitement comptable: un actif immatériel
(programme de recherche…) n’est pas porté à l’actif.
-
Deux formes de financement:
-
visible: paiement direct prélevé sur la trésorerie
-
invisible: frais ou « manque à gagner »
-
Propriété de l’actif résultant:
-
l’organisation à
investissement (département de R&D…)
Autres à dépenses (formation…)
L’évaluation des performances :
-
Marge bénéficiaire: capacité d’un chiffre d’affaire
à produire des bénéfices (segmentation, identification, agilité…)
-
Efficience: degré d’utilisation des capacités (taux
de production, ROI, analyse des charges…)
-
Efficacité: degré de satisfaction des attentes des
partenaires de l’entreprise (clients, fournisseurs, actionnaires, salariés…)
Évolution: tendances à moyens termes des indicateurs de suivi de l’activité (taux de croissance, gains de productivité, VA dynamique…)
Les flux de connaissance et les actifs
incorporels sont des concepts non financiers. Il faut, pour cela les évaluer en
recourant à la fois à des mesures financières et non financières.
L’interprétation des évaluations
financières a été la pierre d’achoppement qui fait obstacle à leur propagation.
Une grille destinée à l’interprétation de ces mesures existe désormais. Elle se
place dans l’optique de la connaissance en mesurant trois éléments : La
compétence des employés, la composante interne de l’entreprise et sa composante
externe.
L’auteur propose un certain nombre de
systèmes de mesure de la compétence.
L’évaluation des actifs incorporels vise
deux objectifs principaux et ses résultats intéresseront essentiellement deux
publics.
Dans sa présentation externe,
l’entreprise se décrit avec autant d’exactitude que possible à ses publics –
clients, créanciers et actionnaires -, afin que ceux-ci puissant évaluer la
qualité de sa gestion et s’assurer qu’elle est un fournisseur fiable ou un
client digne de confiance.
Les mesures internes sont
destinées aux décideurs qui ont besoins d’un maximum d’informations sur
l’entreprise pour évaluer ses progrès et engager si nécessaire des actions de
correction. Ces mesures internes ont donc pour objectif de doter l’entreprise
d’un système intégré de gestion.
Les indicateurs proposés sont contenus
dans le tableau suivant.
Compétence |
Compétence
interne |
Composante
externe |
Indicateurs de
croissance/renouvellement |
Indicateurs de
croissance/renouvellement |
Indicateurs de
croissance/renouvellement |
Indicateurs de
l’efficience |
Indicateurs de
l’efficience |
Indicateurs de
l’efficience |
Indicateurs de la
stabilité |
Indicateurs de la
stabilité |
Indicateurs de la
stabilité |
Le mode d’évaluation doit aussi être
fonction des salariés évalués. L’évaluation porte sur les experts des domaines
évalués. Ce sont ces seules compétences qui seront sujets à analyse. Ce ne sont
pas les postes, références aux fiches de postes, mais les expertises qui sont
importantes. Une fois identifiée, les critères d’analyses seront les
suivants :
-
Année
d’exercice de la compétence
-
Niveau de
formation
-
Investissement
dans la formation
-
Evaluation
(évaluation RH existante ou pas et selon quels critères)
-
Rotation
du personnel
-
Apport des
clients à l’expertise
-
Proportion
d’experts dans l’entreprise
-
Effet de
levier (CA par expert et capacité à générer du CA)
-
VA par
expert
-
Age moyen
-
Ancienneté
-
Situation
salariale relative ( comparaison des salaires avec l’extérieur)
-
Turn over des experts
Parmi les salariés d’une entreprise,
ceux qui travaillent à la direction générale, à la comptabilité, aux RH, et
autres services administratifs (appelés ici le personnel administratif), ont
tous pour principale activité de maintenir la composante interne. Voici
les éléments permettant d’évaluer cette composante interne.
-
Investissement dans le composante interne
Montants investis dans la création de filiales ou dans l’élaboration de
nouvelles méthodes ou SI. Ils
doivent faire l’objet d’un réajustement annuel et apprécié en pourcentage de
CA.
-
Investissement dans les systèmes de traitement de
l’information
Exprimés en pourcentage de CA.
-
Contribution des clients à la composante interne
Sur l’ensemble des missions réalisées pour les clients, la proportion
qui contribue à l’amélioration de la composante interne de l’entreprise.
-
Proportion de personnel administratif
-
CA par membres du personnel administratif
-
Mesure des valeurs et l’attitude
Part de communication interne ou d’action de conduite du changement pour
promouvoir l’attitude favorisant le développement de l’entreprise.
-
Age de l’entreprise
-
Rotation du personnel administratif
-
Ratio de nouvelles recrues
La
composante externe englobe non seulement les marques, l’image et les relations
avec les fournisseurs, mais aussi et surtout les relations avec les clients.
Il
convient donc de catégoriser les clients :
-
Ceux qui contribuent (beaucoup/moyennement/peu) à
l’image et aux références
-
Ceux qui contribuent (beaucoup/moyennement/peu) à la composante
interne
-
Ceux qui contribuent (beaucoup/moyennement/peu) à
l’amélioration des compétences de l’entreprise.
De
cette catégorisation en ressort une catégorisation de salariés :
-
Les leaders aptes à gérer les grands projets
-
Les professeurs aptes à transmettre des compétences
aux autres personnels qui travaillent avec eux
-
Les développeurs doués pour trouver de nouveaux
clients
La
gestion d’un portefeuille client passe par la catégorisation suivante :
-
Les clients rentables
-
Les clients qui augmentent la compétence des experts
-
Les clients qui concourent à la construction de la
composante interne
-
Les clients qui améliorent l’image de la société
Le
portefeuille client s’apprécie par des indicateurs plus classiques tels
que :
-
Rentabilité par client
-
Croissance organique
Evaluer l’augmentation des facturations après déduction des CA issus
d’éventuelles acquisitions, pour mesurer l’accueil du marché à un concept.
-
Indice de satisfaction client
-
Indice de Gains/perte par clients
-
Ventes par clients
-
Proportion de clients grands comptes
-
Pyramide des ages de la clientèle
-
Ratio des clients fidélisés
-
Fréquences des commandes successives
Les
indicateurs cités ne sont pas exhaustifs. Les indicateurs du capital immatériel
sont spécifiques à chaque entreprise dont ils doivent traduire la richesse
économique et financière.
Le débats sur la prise en compte des
actifs immatériels s’est amplifié dans le monde entier au cours des dernières
années et s’est focalisé sur la façon d’évaluer ce que l’on appel le
« good will » dans le cadre d’opérations de fusions acquisitions.
Les mesures autres que financières
fournissent de nouveaux points de vues intéressants sur les entreprise et
constituent un « plus » pour les investisseurs et les gestionnaires.
Il n’existe cependant pas de modèle théorique rigoureux pour ce type
d’évaluations. Les systèmes comptables ne sont pas conçus à cet effet, ce qui
rend les indicateurs clés difficiles et coûteux à développer et impossibles à
comparer.
Il existe cependant des entreprises
pionnières dans le domaine qui ont centré une grande partie de leurs outils de
contrôle de gestion sur ce captal immatériel.
Le tableau suivant résume les démarches
et outils pour évaluer une stratégie contrée sur la connaissance.
Actions à effectuer |
Relation avec les actifs incorporels |
Moyens de contrôle |
Gérer la compétence |
Avantage |
Indicateur à utiliser |
Recruter avec soins des jeunes,
brillants, souples à former |
Afflux de compétences nouvelles et
d’énergie ; renforce la culture |
Ratio de « bleus », divisé
en « bleus » de niveau universitaire et autres « bleus » |
Améliorer le niveau de formation de
tous les salariés |
Augmente la flexibilité et le taux
d’apprentissage |
Niveaux de formation |
Offrir des carrières « tout ou
rien », pas de « train de sénateur » |
Les personnes doivent progresser ou
partir ; suscite le turn over |
Notation des individus ; moyenne
de notes |
Dessiner des cartes de compétence |
Identifier les compétences |
Nombre de personnes dans chaque catégories ;
nombre d’années dans la profession |
Utiliser les jeunes comme assistants |
Permet la tradition de connaissance
tacite ; réduit l’administration |
Proportion de temps que les jeunes
consacrent à des clients améliorant les compétences |
Dissuader les gens de partir en
développant la fidélité |
La compétence n’est pas perdue au
profit de la concurrence |
Analyses de comportement ;
rotation du personnel |
Etablir des relations personnelles
étroites avec un petit nombre de clients sélectionnés |
Crée l’afflux de connaissances |
Proportion de clients améliorant les
compétences |
Amener les jeunes à apprendre auprès
de leurs aînés dans une relation maître/apprentis |
Permet la tradition de connaissance
tacite |
Analyses de comportements |
Gérer la composante interne |
Avantages |
Indicateurs à utiliser |
Favoriser les missions importantes qui
permettent la formation d’équipes |
Les équipes développent la tradition
de connaissances tacite parmi les membres |
Proportion de clients améliorant
l’organisation |
Développer les concepts et méthodes
spécifiques |
Suscite de nouvelles connaissances,
R&D |
Temps alloué à la R&D |
Vulgariser les concepts dans les
livres et des séminaires |
Influence l’état d’esprit de clients
potentiels ; crée des standards |
Temps alloué à de telles activités |
Créer un système de partage
d’information |
Favorise la combinaison de
connaissances |
Niveau d’investissement en technologie
de l’information |
Facturer les équipes, non les
individus |
Cache les honoraires élevés des
anciens ; réduit la compétition interne ; améliore la tradition |
Proportion de facturation par équipe |
Gérer de façon volontariste la
structure d’âge |
Réduit les risques de palier, conserve
l’équilibre entre les forces dynamiques et statiques |
Age moyen ; turn over du
personnel |
Etablir des relations personnelles
étroites avec des clients qui fournissent des projets de R&D ou des
projets importants |
Améliore la structure interne et
permet l’apprentissage |
Proportion de clients améliorant
l’organisation |
Encourager l’assistance entre les
membres de tous les départements |
Permet de développement de la
connaissance tacite |
Proportion de temps que les jeunes
consacrent à des clients améliorant les compétences |
Organiser les départements en tant que
bureaux paysagers |
Permet le développement de la
connaissance tacite |
Analyses de comportement ;
proportion de bureaux paysagers |
Communiquer la mission affectée à
l’activité |
Fournit un objectif de création de
connaissance |
Etudes de comportement |
Gérer la composante externe |
Avantage |
Indicateur à utiliser |
Concentrer l’information de gestion
sur les clients plutôt que sur les marchés ou les produits |
La connaissance circule par les
relations, non par les marchés |
Proportion de clients améliorant
l’image |
Construire l’image de
« l’entreprise la plus compétente dans notre secteur d’activité »
en organisant des séminaires etc. |
Réduit les coûts marketing |
Nombre de séminaires organisés ;
analyses des clients |
Sélectionner les clients qui
contribuent aux actifs incorporels ou aux profits ; laisser tomber le
reste |
Concentre les efforts sur les clients
les plus précieux ; améliore l’afflux de connaissance |
Classer par catégories les clients,
calculer la rentabilité, les ventes par clients |
Constituer des équipes en fonction de
l’alchimie avec le client |
Améliore le taux de réussite et
l’afflux de connaissance |
Indice gain/perte ; indice de
clients satisfaits |
Entretenir l’image en tant qu’actif
important |
Réduit les coûts de marketing |
Argent dépensé, temps consacré ;
clients satisfaits |
Traiter les anciens employés avec
déférence |
Maintient des relations qui améliorent
l’image au lieu de la détériorer ; peut également conduire à de
nouvelles relations clients |
Analyses des anciens employés |
Les stratégies centrées sur la
connaissance sont relativement complexes car elles présentent de multiples
facettes et réclament à la fois une connaissance intime des personnes et la
volonté de déléguer.
Le tableau ci dessous est un exemple
d’outils de suivi des actifs immatériels.
Composante externe |
Composante interne |
Compétence du personnel |
Croissance/Renouvellement |
Croissance/Renouvellement |
Croissance/Renouvellement |
Croissance de volume organique.
Croissance de part de marché. Indice de clients satisfaits ou indice de
qualité |
Investissement en technologie de
l’information. Part du temps consacré aux activités de R&D interne.
Indice de comportement du personnel vis à vis des directeurs, de la culture,
des clients |
Part des ventes émanant des clients
améliorant la compétence. Croissance de l’expérience professionnelle moyenne
(nombre d’années). Renouvellement de compétence |
Efficience |
Efficience |
Efficience |
Profit par client. Ventes par expert |
Proposition du personnel d’assistance.
Ventes par personnel d’assistance |
Modification de valeur ajoutée par
expert. Modification de proportion d’experts |
Stabilité |
Stabilité |
Stabilité |
Fréquences de commandes renouvelées.
Structures d’âge |
Age de l’organisation Ratio de
« bleus » |
Turn
over des
experts |
L’auteur défend un modèle appelé
entreprise du savoir. L’approche proposée permet de concilier universitaires et
gestionnaires, en offrant une mise en œuvre pragmatique à des concepts de
gestion peu exploitables en tant que tels.
La grande différence avec les approches
habituelles sur la notion de compétence et de connaissance repose sur une
« ré humanisation » de ces concepts. C’est à dire que l’auteur défend
le point de vue selon lequel, on ne peut parler de compétences stratégiques,
mais d’experts aux compétences stratégiques. La conservation du savoir-faire
devient alors une problématique d’apprentissage organisationnel. Mais un
apprentissage des hommes. La conservation des compétences et des connaissances
ne peut être prise autrement que pour une faculté de mise en œuvre.
C’est à dire la capacité à mobiliser les experts. On ne peut parler de
base de connaissance. Une connaissance ne peut être formalisée. Où alors il
s’agit d’une information, certes très enrichie, mais avec une capacité d’action
limitée.
Pour l’auteur, le manager doit mettre à
disposition, avec le plus de souplesse possible, les supports d’échanges
d’expérience, pour dépasser les limites cognitives intrinsèques, de manière à
distinguer les connaissances individuelles et organisationnelles. Cette
dernière n’est pas une simple adition, mais le résultat d’une émulation
collective. Le point saillant est donc avant tout comportemental.
L’approche offerte est donc une
alternative à l’arbre des compétences, qui traite de cette dernière comme un
objet, figé et propriété de l’entreprise, alors même que la fonction ressources
humains, ne saurait pas appréhender la gestion de ses experts.
Autre attrait de la démarche,
l’identification de connaissance et de compétence n’étant pas formalisables,
ces éléments ne peuvent donc faire l’objet d’étude et d’analyse à proprement
parler. On ne peut les définir que par leurs interactions avec leurs
environnements. Combiner la notion de connaissance et compétence à celle
d’expertise, avec en toile de fond l’objectif de gérer les actifs immatériels,
semble être une posture raisonnable et facilement applicable, en cela qu’elle
est directement tournée vers l’action.
Dernier attrait de cette approche, en
réussissant à prouver le rapport inversement proportionnel entre quantité et
qualité d’information, l’auteur met en avant le besoin de sens des choix
d’investissement en termes informatiques. « Le savoir
pourquoi-faire » est plus important que le « tout savoir pour ne rien
oublier ». Une information qui ne se transcrirait pas en action serait
alors une information inutile.
L’auteur en sachant replacer le
knowledge management entre, aide à la décision, gestion des ressources humaines
et information offre au lecteur une vision pragmatique mais non exhaustive de
la gestion du capital immatériel. Les implications conceptuelles sont de
l’ordre de l’économie industrielle.
Le premier de ces concepts est celui de
la firme « processeur de connaissance » (Fransman 1994).
Les conceptions théoriques de la firme
qui se sont jusqu’à présent imposées reposent sur l’hypothèse selon laquelle le
firme est conçue comme un « processeur d’information », c’est à dire
que son comportement peut être déduit de signaux informationnels qu’elle
détecte dans son environnement. L’ensemble des approches liées à la firme
(théorie des équipes, théorie des coûts de transaction, relation
principal/agent …) valident le caractère contractuel de la firme.
Les développements de l’auteur offrent
un apport aux concepts classiques de la firme. Il existe un impact immédiat sur
les comportements fondamentaux des agents à l’intérieur d’une organisation
collective, la définition du périmètre de propriété de la firme, la
détermination des schémas d’incitation et plus généralement des structures de
gouvernances appropriées.
Le second concepts est celui de
gouvernance, en effet le management d’une compétence de base comprend la
capacité d’identifier, de développer, de protéger et d’améliorer en permanence
la compétence de base et d’assurer son intégration dans le reste de la firme.
La fixation d’une structure de
gouvernance pour gérer les activités entrant dans le cœur de la firme vise à
canaliser les processus d’apprentissage, pour faire en sorte que la circulation
et la création de connaissance s’effectuent dans les meilleures conditions. A
cette première structure s’y ajoute une seconde, pour gérer les activités de la
firme situées en dehors des compétences de base, pour répondre à des critères
classiques de fixation des modes d’incitation et de résolution de conflits sous
des formes essentiellement contractuelles. L’existence de ces deux structures
de gouvernance peut être source de tension et d’incohérence.
Les frontières de la firme deviennent
donc flou.
Le knowledge management redéfini t’il
les limites de la firme ?