LES FICHES DE LECTURE  de la Chaire D.S.O.

 

Certificat Cycle C1 Organisation et Systèmes d'information
par Robert BRACONNIER

Centre d'enseignement du Pays de Gex
rattaché au centre de Lyon

 

McINTOSH M., LEIPZIGER D., JONES K.L., COLEMAN G.

Entreprise Citoyenne
Stratégies de réussite pour entreprises responsables

Titre original

Corporate Citizenship
Successful strategies for responsible companies

 

Sommaire

1. Les auteurs *
2. Questions posées par les auteurs *
3. Postulats *
4. Hypothèses *
5. Démarche des auteurs *
6. Résumé *

6.1 La responsabilité sociale dans une économie globale *
6.2 La nouvelle citoyenneté d’entreprise *
6.3 Mettre la citoyenneté d’entreprise au coeur de la stratégie *
6.4 Problèmes critiques de la citoyenneté d’entreprise *
6.5 Gérer la citoyenneté d’entreprise *
6.6 Business pour le futur *

7. Commentaires personnels *
8. Actualité de la question *

 

 

 

Les auteurs

    Malcolm Mclntosh is an independent teacher, writer and consultant on corporate citizenship. His clients include the UK government and large and small companies. He has produced films on social and environmental issues for BBC 1V and published books and articles on global security , corporate social responsibility and environmental management. Now based in Bath, UK, he has traveled extensively and worked in Japan, Australia and Sweden. Dr Mclntosh, FRSA is a Visiting Fellow of Bristol University and teaches at Bath and Lancaster universities where he runs courses on corporate citizenship, business ethics and sustainable communities. He is currently involved in a long-term study of global corporations that have survived the twentieth century .

    Deborah Leipziger is the Director of the Council on Economic Priorities in the UK, a research organization devoted to promoting corporate citizenship. Ms Leipziger played an integral part in the drafting and launch of the first global social accountability standard, Social Accountability 8000, and its subsequent guidance document. A native of Brazil, Ms Leipziger earned a Master's in Public Administration from Colombia University's School of International and Public Affairs and a BA, magna cum laude, in Economics and International Studies from Manhattanville College.

    Keith L Jones is an Executive Manager with nearly thirty years' commercial experience across a wide range of sectors. He is a Lead Auditor and Sector Manager for SGS and was jointly responsible for pioneering, drafting, development and on-site auditing work for the ethical management standard SA8000. Dr. Jones has degrees from the universities of Oxford, London and Durham and has researched and published extensively in business subjects.

    Gill Coleman is Program Director at the New Academy of Business which she joined at its inception in 1995. Previously she held the post of Director of Stud- ies for the MBA in International Business at Bristol University .As a university teacher and researcher, she specialized in organizational dynamics and women's development, and has worked in the UK and Europe as a consultant to governmental and not-for-profit organizations. Since 1996, Gill has worked with Bath University School of Management, to establish and run the M.Sc. in Responsibility and Business Practice.

     

Questions posées par les auteurs

    De nos jours, la responsabilité des dirigeants d’entreprise n’est plus limitée à la maximalisation des profits. L’attitude vis à vis de l’environnement naturel, humain et social est à prendre en compte. La réputation des entreprises dans ces domaines est devenue un atout dans la compétition. Pour faire face à ces nouvelles données, le savoir-faire et la coopération se sont développés plus ou moins indépendamment dans un certain nombre de pays, encouragés par la société civile et les média, d’autant plus facilement que ces derniers n’ont plus aucune crainte à citer ni à dénoncer les entreprises.

    Les questions de fond sont donc de trouver les moyens de sensibiliser, de promouvoir, d’instituer, d’inciter, de réglementer et de faire sanctionner par les consommateurs et les instances gouvernementales, les comportements inciviques et de mauvais citoyen du Monde pris au sens le plus large, et aussi de mettre en exergue les comportements responsables qui ont valeur d’exemple.

     

Postulats

    Principes premiers, indémontrables ou non démontrés, dont l’admission est nécessaire pour établir une démonstration.

    La citoyenneté des entreprises concerne la relation entre ces Entreprises et la Société. La prospérité pour tous dans le futur sera peut-être paradoxalement lorsque le monde des affaires élargira son rôle citoyen et prendra conscience de sa participation au monde social, tout en maintenant son expansion et sa pérennité.

    La citoyenneté des entreprises, comme pour le citoyen lui-même est une idée qui a à la fois une dimension pratique et une dimension éthique. Elle implique des concepts de base tels que: limiter les risques, assurer le futur, développer la compétence dans les affaires, faire les choses justes et avoir une réflexion sur les idées que beaucoup de personnes se font à propos des organisations.

     

Hypothèses

    Suppositions que l’on fait d’une chose possible ou non et dont on tire une conséquence. Propositions résultant d’une observation ou d’une induction et devant être vérifiées.

    Le monde est libre de ses choix de société mais le choix est remis en cause à chaque instant. Seule la prise de conscience universelle peut infléchir la Société dans une direction où les droits de chacun et les devoirs seront respectés. Cette direction dépend des pouvoirs en présence, business, gouvernements, société civile, média et individus réunis au sein de groupes de pression. Aucun choix n’est encore fait, les sociétés types ou modèles du futur existent sous forme d’embryons mais leur genèse est en cours, aucune ne semble triompher pour l’instant. Seule la communication et le droit à l’éducation pour tous permettront une prise de conscience globale des enjeux planétaires et chacun, en tant qu’acteur et selon ses idées, saura alors tenter d’infléchir le cours des événements.

     

Démarche des auteurs

    Les auteurs essaient de démontrer par l’exemple des voies ouvertes, les possibilités offertes pour faire émerger une conscience mondiale de la bonne conduite des affaires, en tenant compte des facteurs humains, sociaux et environnementaux.

    L’étude des mesures prises par un certain nombre de sociétés mondialement connues permet de brosser un tableau des politiques et initiatives prises par des entreprises sur le terrain, qu’elles soient privées ou publiques, et qui ont su démontrer leur efficacité. D’autres exemples présentent les problèmes rencontrés lorsqu’une marque a sa réputation souillée par des révélations sur ses agissements ou sur ses productions non conformes à une certaine éthique.

     

Résumé

La responsabilité sociale dans une économie globale

Quelque chose de radical et de réel se produit quand des compagnies mondialement connues comme Timberland disent qu’il existe une nouvelle voie pour faire des affaires. Le même message est communiqué entre autres par McDonald’s qui s’implique dans des fonds de défense de l’environnement, par Unilever qui fait la promotion de la protection des poissons, par Royal Dutch/Shell qui inclut des références aux Droits de l’Homme dans ses principes et par Levi Strauss & Co qui promeut l’éthique. Certaines personnes dans la communauté des affaires pensent que ce changement radical se met en place au coeur du système capitaliste, le profit ne pouvant plus être basé uniquement sur la consommation et la compétition.

D’autres disent que des compagnies telles que Avon, BT, Shell suivent les pas de compagnies moins importantes mais plus socialement impliquées. Il y a une compréhension grandissante des avantages d’une approche proactive de la responsabilité sociale. Etre reconnue comme une entreprise citoyenne responsable devient un avantage concurrentiel. La nouvelle citoyenneté se développe donc dans les compagnies qui prennent sérieusement soin de leur pérennité et de celle de la planète.

Dans une économie globale, les entreprises sont maintenant sensibilisées au fait que les contradictions de leurs pratiques dans un pays peut exposer leurs marchés dans d’autres pays.

Nous vivons dans une économie globalisée, le marché est l’esprit de notre époque et les sociétés parcourent le monde à la recherche de nouveaux marchés, de nouveaux clients et aussi de ressources moins onéreuses. Qu’est-ce que cela signifie ? Quelles sont les caractéristiques du processus de globalisation en cours ? Avons-nous une compréhension commune du processus et de ses implications ? Quels sont les effets de l’économie globale sur nous en tant qu’individus, sur les organisations et la gestion des affaires ? Pouvons-nous gérer la complexité de l’économie globale lorsqu’on n’a pas une vision claire du futur ?

Avec l’avancée de l’économie globale, les sociétés, les pays et aussi les individus doivent faire attention de ne pas devenir complètement captifs de l’argent au lieu de répondre à d’autres besoins sociaux et non matériels.

Les marchés ne suffisent pas, le capitalisme ne peut pas subvenir à tous les besoins de la société et le monde des affaires doit travailler avec les bons gouvernements pour répondre aux problèmes, distribuer la richesse de façon plus équitable, lutter contre la corruption, l’oppression et les manquements aux Droits de l’Homme. Si le monde des affaires est le principal moteur de la société, il a la claire responsabilité de ne pas abuser de sa liberté et de son rôle. On doit cependant reconnaître qu’on ne peut pas lui demander de sauver la planète.

Globalisation des ressources
L’un des principaux aspects du processus de globalisation implique l’approvisionnement et les achats à partir du marché le moins cher. Les sources d’approvisionnement et de production sont donc mobiles alors que les populations et les environnements ne le sont pas. Les investisseurs, fabricants et acheteurs se déplacent vers les sites les plus fiables et les moins chers et les populations qui restent en arrière doivent souvent survivre avec les restes de l’exploitation intensive et destructive de leurs richesses.

Riches et pauvres dans le monde en développement
Certaines grandes compagnies ont plus d’importance que les gouvernements de pays pauvres où elles sont implantées et peuvent ainsi dicter leur loi. La globalisation a ses perdants et ses gagnants, et parmi ces derniers les multinationales championnes de la globalisation. Les responsables du business et des gouvernements reconnaissent maintenant que les problèmes de pauvreté et de destruction de l’environnement ne peuvent être résolus par une seule partie, on ne peut plus blâmer seulement un Etat, un système politique ou une industrie. On peut aussi parler de la disparité des richesses en comparant les pays développés et le tiers monde.
Un politicien philosophe a dit : "Nous aurons bientôt à choisir entre un marché libre et une société libre. Le capitalisme n’est pas capable de favoriser la qualité de vie pour tous et une société décente, il doit être utilisé comme un moyen et non comme une fin."

Secteurs globalisés
Les télécommunications
 : tout le monde n’a pas accès au matériel, au logiciel, à l’électricité et au téléphone.
Les moyens de contrôle : à travers la technologie des satellites, le monde peut être contrôlé dans les domaines militaires, effets du climat, destruction des forêts…
Les affaires : les ressources et les exploitations sont globales.
Les images : elles sont diffusées à travers le monde.
Les maladies : l’éradication comme la dissémination (SIDA,…) sont mondialisées.
L’écologie : la vue de la planète depuis les satellites permet de réaliser que nous partageons le même monde et de mesurer notre fragilité à l’échelle de l’univers.
L’interconnexion : nous sommes globalement interconnectés à travers les voyages, les achats de produits, l’usage des ressources, les média, la pollution et les moyens de communication.

La communication et la globalisation, parler localement et globalement
Sans l’usage commun de l’anglais, il serait difficile de communiquer sur Internet ou d’accéder à une masse importante d’informations. Quelles seront les conséquences si l’anglais devient le seul véhicule de communication ?

Plus de globalisation, où allons-nous nous arrêter ?
L’expansion de l’économie globale est basée sur la création des conditions qui augmentent l’activité du monde des affaires. Selon certains plus de liberté conduira au développement social en parallèle avec le commerce mondial. D’autres argumentent le contraire car la disparité des richesses n’est plus au niveau de la comparaison des pays mais à l’intérieur des pays eux-mêmes. Ceci se confirme avec l’importation de main-d'œuvre moins chère dans les pays développés, ce qui génère l’instabilité de l’emploi pour les résidents, comme pour les déracinés. Certaines compagnies internationales sont accusées d’opérer dans des pays moins développés avec des standards moins respectueux de l’éthique que dans leur propre pays. Il faut donc comprendre la façon dont les communautés globales ou locales interfèrent.

La nouvelle citoyenneté d’entreprise

Une compagnie qui maltraite ou abuse de sa main-d'œuvre ou une compagnie qui emploie des travailleurs forcés n’est pas seulement en défaut par rapport aux déclarations des droits de l'Homme mais est aussi un défi à la face du monde civilisé. Dans un monde où la transparence et la communication s’étendent, une telle compagnie serait mal venue de croire qu’un tel comportement passerait inaperçu.

La nouvelle citoyenneté d’entreprise ce n’est pas quelque chose de philanthropique ou utilisé à la fin d’un rapport financier ou géré pour des besoins de relations publiques, c’est mettre la citoyenneté au cœur de la stratégie. Le changement prend place dans le management qui tient compte de facteurs qui sont maintenant reconnus mondialement.

Le business a besoin de développer un nouveau type de management, sensibilisé aux nouvelles méthodes, dans un monde plus différencié, beaucoup plus complexe et aux frontières moins évidentes. Ceci s’applique à tous les secteurs et à toutes les organisations.

La responsabilité économique force les organisations à rester viables sur le plan financier et à opérer selon leurs contraintes juridiques et leur charte. Peu d’entre elles fonctionnent uniquement sur ces bases car elles évoluent dans un contexte social dans lequel des considérations éthiques et philanthropiques sont essentielles.

Il faut noter que la responsabilité sociale des entreprises est devenue un facteur important pour le public, pour différentes raisons allant de la corruption et la fraude à la destruction de l’environnement qui est largement due à l’action de groupes de pression.

L’intérêt de la citoyenneté d’entreprise et de la responsabilité sociale augmentent et le rôle des gouvernements s’efface. Ces derniers font office d’arbitres, ils créent des standards, adaptent les législations et font les intermédiaires. La relation entre la citoyenneté d’entreprise, les gouvernements et la société civile est la fondation de la société entière. Le business trouve aussi ses avantages en fonctionnant en tant que partenaire au lieu d’ennemi.

Mettre la citoyenneté d’entreprise au cœur de la stratégie

L’image de marque doit être maintenue, nous vivons dans un monde qui se veut transparent et il est de plus en plus difficile d’échapper à la critique.

L’image de marque et la réputation sont devenues une priorité stratégique dans une économie où un produit peut être vendu sur différents marchés et où une entreprise peut être présente sur plusieurs créneaux (American Express fournit des services financiers et est aussi une agence de voyages). C’est une image de marque qui vend une gamme de produits et non pas un seul article. L’avantage de pouvoir vendre sur le marché mondial est aussi contrebalancé par la possibilité de perdre cette réputation. Maintenir une vigilance sur la qualité et la réputation devient de plus en plus vital. Certaines compagnies ont élevé au rang de vertu le fait d’être perçues plus concernées par ces aspects que leurs concurrents.

Quand une compagnie expose ses valeurs dans la publicité ou à travers ses déclarations de vision et mission, elle doit être préparée à rendre des comptes sur ses actions. La volonté de mettre la citoyenneté au cœur de la stratégie oblige à fournir plus d’information au management sur les implications possibles pour la compagnie.

L’image de marque est valable à l’extérieur de l’entreprise mais aussi à l’intérieur. En externe, la publicité sur les produits reflète un certain style de vie et des valeurs associées à ces produits ou à leur utilisation. En interne, elle joue le rôle de ciment et de pouls, en persuadant les employés que leurs produits les unifient et qu’ils doivent croire en ces derniers.

Les changements rapides dus à la globalisation ont exposé les entreprises à de nouveaux risques auxquels elles n’avaient même pas pensé, tels que l’influence grandissante des organisations non gouvernementales. Le risque spécifique pour une entreprise serait de ne pas opérer de la même façon, avec un ensemble de valeurs différentes selon qu’elle agirait dans un ou des pays différents de celui d’origine. Ces comportements seraient vite dénoncés par les organisations non gouvernementales grâce aux nouveaux moyens de communications.

La qualité, la productivité et la responsabilité sociale sont diluées du fait de nombreux intermédiaires en cause dans un cycle de production et de consommation. Le cas de la ‘vache folle’ en est un exemple. Dans tous les cas, c’est un problème de responsabilité qui peut coûter extrêmement cher en réputation et en cas de litige. Le travail bon marché devient alors très onéreux à long terme. Aux deux bouts de la chaîne d’approvisionnement, il y a un besoin de relier la qualité, la protection de l’environnement et la protection du consommateur. Les Etats Unis insistent dorénavant pour que les fournisseurs soient certifiés SA8000, le nouveau standard d’éthique du commerce global.

Les entreprises qui sont transparentes, responsables et en avance dans ces domaines sont constamment en phase d’apprentissage, et pour rester compétitives elles prêtent une attention toute particulière aux faits de l’économie basée sur la communication. Les entreprises citoyennes doivent être attentives à leur rôle social et doivent donc être des organisations apprenantes. Elles doivent accorder une grande place à la flexibilité et baser leur management sur la récompense de l’intelligence et le mérite.

La durée des entreprise est dorénavant basée sur quatre caractéristiques : la sensibilité à l’environnement, la cohésion et l’identité culturelle, la tolérance et la décentralisation ainsi qu’une stabilité financière qui lui permet de maîtriser son développement.

Problèmes critiques de la citoyenneté d’entreprise

Dans une économie globale en expansion, comment peut-on prendre en considération les droits des travailleurs ? Doivent-ils avoir les mêmes droits aux USA et en Angola ? La fabrication des mines antipersonnel, le commerce du tabac sont-ils amoraux ?

Comme on demande aux entreprises de jouer un rôle parfois échu aux gouvernements, celles-ci développent de nouvelles règles de ‘business’ afin de maintenir un rôle régulateur. Le ‘business’ se développe mieux là où le terrain est plus adapté, en l’absence de corruption et où les gouvernement fournissent une bonne infrastructure en termes de santé, de sécurité sociale, d’éducation, de transport, de logement et de communication. Il n’est pas surprenant de voir que le ‘business responsable’ est plus impliqué dans le maintien de bons gouvernements et où la société a une infrastructure solide, ce qui est essentiel pour des investissements durables.

Bien sûr, certaines compagnies ne sont intéressées que par leurs revenus et font abstraction des autres responsabilités. Elles détruisent souvent l’environnement et abusent des travailleurs mais, les compagnies les plus importantes sortent de plus en plus de ce schéma.

Les entreprises citoyennes peuvent être cataloguées de plusieurs façons, par exemple : économique, environnemental, social, éthique et relations humaines. Mais pour ceux qui sont affectés par les activités de ces compagnies, il y a un autre catégorisation des intérêts : révélations, dommages à l’environnement et à l’emploi. La classification dépend de l’endroit d’où l’ont fait les observations.

La façon dont les liens sont établis entre les entreprises et les gouvernements et importante. Dans la plupart des cas les investisseurs dans les compagnies publiques ou dans les institutions dépendent de ces liens. Alors, comment peut-on dans le cas de compagnies internationales s’assurer de leur viabilité si ce n’est en se focalisant sur leur pouvoir et les droits des individus. Ceci est rendu visible à travers les structures, le rôle et les compétences des directions dans différents pays, les investisseurs, les média et les groupes de pression demandent de plus en plus aux entreprises de répondre de leurs actes.

Ce qui est parfois vu comme une corruption dans un pays ne l’est pas obligatoirement dans un autre. Ceci est particulièrement vrai au niveau des contrats. Dans certain pays cette corruption est endémique.

Pour résumer, un bon gouvernement et une visibilité claire des buts de l’entreprise sont un facteur de pérennité et de prospérité.

Certaines compagnies ont réalisé très tardivement que l’environnement est aussi au cœur des débats. Ainsi la pression augmente du fait des consommateurs, de l’adaptation de la législation, des standards et des benchmarks. L’image satellite de la terre montre une nouvelle réalité, qui est l’inexistence naturelle des frontières, les limites de la capacité à fournir des ressources et à absorber la pollution. Nous connaissons maintenant l’impact de l’activité industrielle sur le climat et sur la planète mais nous avons manqué de réactivité devant ces phénomènes.

Le développement viable est décrit comme le développement qui répond aux besoins d’aujourd’hui, sans compromettre ceux des générations futures. Le ‘business’ et ainsi responsable de ses sources d’approvisionnement mais aussi de ses moyens de production et de ses rejets et déchets des produits en fin de vie.

A l’ère de l’information, la connaissance est synonyme de pouvoir, plus que le travail, le capital et le matériel. Cette connaissance est utilisée pour manipuler les gens et la nature. La ‘Déclaration Universelle’ ne couvre pas spécifiquement les abus des entreprises et certains demandent à ce que des clauses nouvelles soient ajoutées qui permettraient d’avancer dans ce domaine. D’un autre côté, des accords globaux tels que le standard SA8000 naissent sans la participation des gouvernements.

Le travail des enfants est un aspect important qui demande des actions concrètes de la part des gouvernements, mais aussi des entreprise qui doivent faire des audits et valider les conditions dans lesquelles sont produits leurs équipements ou les matériaux importés.

L’égalité de l’emploi pour les femmes, les minorités, qui varie selon la culture ou les pays, les handicapés et le personnel vieillissant et aussi un aspect des nouvelles règles à introduire. Il en est de même pour la discrimination selon les comportements sexuels, le harcèlement sexuel, les malades du Sida.

Le commerce équitable basé sur la récompense donnée aux producteurs pour leurs efforts n’est pas appliqué dans tous les domaines. Les producteurs de bananes, cacao, café et thé ne sont pas rémunérés à la hauteur de leurs besoins. Ceci pourrait être contrebalancé par un comportement d’achat de la clientèle. Le commerce équitable est vu comme la meilleure façon de promouvoir le développement des pays pauvres.

L’investissement éthique, lié au commerce équitable, peut être différencié des remises de fonds conventionnels du fait qu’il est utilisé pour prendre les décisions pour investir. En dehors des critères de performances financières, il mesure le caractère approprié des investissements. Le commerce des armes figure parmi les aspects négatifs de l’investissement.

La protection des animaux englobe les droits des animaux à vivre dans des conditions décentes, à limiter leur commerce, à les respecter et à limiter voire interdire leur usage pour effectuer des tests.

Gérer la citoyenneté d’entreprise

Le débat peut être de réévaluer les relations fondamentales entre parties concernées : les individus, le business et la société. Certains pays sont entrés dans l’ère postindustrielle et la nature de leur organisation du business a changé. De plus, tous les pays se sont engagés dans le développement de stratégies pour survivre dans une économie globale. Quand les politiciens parlent à propos d’implication, ils adoptent le langage du business, ce qui indique l’éminence du business dans la société et la position dominante de la relation et de l’attitude face au marché. Le contexte de globalisation a produit de profonds changements dans la façon de percevoir le business, dans la relation entre les individus et les états et dans la façon d’aborder les problèmes globaux. Engager les participants dans le dialogue et la consultation est la façon de trouver une voie commune dans une société fragmentée.

La relation entre le capital et l’image de marque est de la plus haute importance pour le succès des affaires.

L’individu est un membre, un citoyen et un partenaire potentiel. Ceci n’est pas à sens unique, dans tous les domaines et dans toutes les couches sociales, il y a pour tout individu des droits et des obligations réciproques. Ces droits peuvent être organisés dans une conduite volontaire ou par des lois. Les institutions qui en émergent sont basées sur des relations de confiance et d’engagement, elles demandent de l’investissement, elles sont attentives à préserver le capital humain et sont fortement créatives. Dans le cadre d’une compagnie, chacun a ses droits et ses devoirs. Le capitalisme produit ses gagnants et ses perdants, c’est un mélange de succès et d’échecs et même les perdants ont leurs droits et devoirs.

L’audit social est un outil qui couvre largement les aspects sociaux et éthiques d’une organisation. Des standards et des méthodes ont été développés dans de nombreux pays par certaines compagnies, le secteur public ou des bureaux de consultants privés mais, il est trop tôt pour dire, en dehors de quelques éléments ou particularités, qu’un standard transnational a émergé.

Cependant, un nouveau standard dénommé SA8000, fruit d’une initiative collective est apparu en 1977. Son but est de mettre en commun des codes de conduite et de fournir des définitions claires de termes ayant trait aux droits des travailleurs, incluant celui des enfants, du travail forcé, de la santé et de la sécurité. Le besoin d’un contrôle externe et de transparence permet une certaine standardisation entre compagnies et crée un benchmark universel. La conformité à ce standard permet une certification.

Le but d’un audit d’éthique est d’informer le management au sujet de la vulnérabilité de l’éthique en place. Il mesure les effets sur les performance de l’organisation, sur l’impact social et sur les parties prenantes de cette organisation.

Les principales questions à adresser durant un audit d’éthique sont :

‘Business’ pour le futur

A l’aube du vingt-et-unième siècle, faire que la globalisation soit humaine devient rapidement le problème dominant à résoudre. Qu’est un ordre mondial sans une éthique obligatoire pour le genre humain ? A quoi sert une interdiction avec un fondement éthique dans un pays, si on peut la détourner en allant dans un autre ?

Est-il possible d’envisager différents futurs ?

Dans la vision de l’hédonisme et du bonheur, chacun a subi l’homogénéisation des articles de consommation, il y a la mobilité totale, chacun peut aller en vacances et la pauvreté a été résolue dans le monde.

Une seconde vision est plus apocalyptique, la disparité entre les riches et les pauvres augmente entre pays et à l’intérieur des pays. Le monde se divise en trois grandes catégories : les super riches, les riches et les pauvres. Les deux premières de ces catégories ont un haut niveau d’espérance, les riches vivent protégés par la loi et ont une grande mobilité. La troisième catégorie représente environ un quart de la population du globe et souvent n’a pas accès à l’eau potable, aux soins médicaux et à l’éducation. Beaucoup sont hors-la-loi et ne sont pas des citoyens mais des sujets de gouvernements et de l’économie globale. La combinaison du manque de droits fondamentaux et de la pauvreté les relègue à un état de misère absolue.

Le chacun pour soi est une autre alternative tout aussi apocalyptique. Elle voit le développement de la puissance du monde des affaires dévolu entièrement et sans contrôle aux marchés financiers et aux grandes affaires. Dans cette vision les grandes entreprises réglementent le monde, souvent dirigées par des directions qui n’ont pas le contrôle de leur propre destinée ni de celle de leur entreprise. Il y a de nombreux conflits régionaux et les pauvres essaient de migrer vers les pays riches qu’ils ont supportés par le passé, en payant les intérêts de leurs dettes. Ce scénario conduirait à de plus grandes barrières entre les grands blocs commerciaux et générerait des conflits armés locaux. Ceci est parfaitement envisageable car cela correspond sous certains aspects à la situation actuelle.

Une autre alternative serait basée sur trois principes fondamentaux :

  1. une collaboration entre le business, les gouvernements et la société civile ;
  2. une reconnaissance par le business lui-même qu’il a une puissance politique et financière ;
  3. la reconnaissance que pour l’instant la globalisation a ses gagnants et ses perdants.

Gérer les changements et la complexité

Comment le business peut-il gérer sa responsabilité d’être profitable et en même temps protéger les hommes et soutenir les lois ?

La nature de la globalisation est telle que nous pouvons espérer une plus grande homogénéité et un renforcement des différences et des diversités, du fait que le capital international déploie ses tentacules et doit en même temps s’adapter aux conditions locales. Ce paradoxe signifie que la globalisation doit créer ce que l’on pourrait appeler une ‘globalocalisation’ du fait que les entreprises ‘globalisées’ doivent permettre aux succursales de se gérer de façon indépendante et adaptée aux conditions locales.

Si nous acceptons d’être des citoyens d’une nation et du monde en même temps, il en est de même des compagnies. Toutes les compagnies ont des origines ethniques et toutes les marques ont des images basées sur le marketing, mais il n’y a pas deux business identiques et au niveau global il existe une immense variété. Les marques globales sont dominées par des produits faits pour la consommation de masse (tels que Coca-Cola, McDonald’s et Disney), mais les compagnies les plus importantes en terme de chiffre d’affaires sont dans l’énergie et la production (Shell, General Motors, General Electric et Ford). Il y a une différence entre national, international, transnational, multinational et les compagnies globales, selon l’endroit où elles sont basées, selon qu’elles sont gérées de façon verticale ou horizontale et selon les produits vendus. Comme la globalisation a une signification différente selon les individus, il en est de même pour les compagnies. Une chose qui distingue les compagnies américaines et japonaises des autres compagnies est que leur marché intérieur représente parfois plus de 50% de leur chiffre d’affaires, pour les compagnies européennes, l’économie en dehors du territoire national est plus importante. C’est pourquoi, en général, les Européens sont plus internationalistes qu’outre-Atlantique. C’est aussi une raison pour laquelle les Européens consomment plus de produits internationaux et sont plus sensibilisés sur les problèmes de citoyenneté d’entreprise.

L’autre raison de redéfinir le rôle du business dans la société est que la nature des contrats entre le business et la communauté est basée sur la liberté d’entreprendre et la mise en commun des acquis.

Des compagnies telles que Shell et Mitsubishi prospèrent du fait qu’elles combinent les économies d’échelle, avec une forte identité et image de marque et l’engagement de leurs employés. Pour résumer, beaucoup de compagnies sont des bons modèles communautaires opérant au-delà de leurs frontières. Une première solution serait donc de faire leur promotion, et celle de leur système de gestion, basée sur des audits de management et de conformité des actes par rapport aux déclarations. Ceci serait un bon exemple pour les gouvernements avec lesquels ces compagnies travaillent, où les Droits de l’Homme sont violés et qui restent indifférents aux problèmes d’environnement.

Cinq principes pour entreprises citoyennes

En dépit des différentes formes émergentes de management et d’organisation, certains concepts sont étayés et ils donnent de la crédibilité au fait qu’il existe un nouveau modèle de citoyenneté d’entreprise, au delà de la philanthropie et du volontarisme. Les efforts faits pour développer une relation plus transparente et cohérente, entre le business et les communautés, n’ont rien à voir avec la charité et l’intérêt particulier à long terme.

  1. Le business est un facteur principal dans le monde des affaires, et il existe un nouvel équilibre des forces entre le business, les gouvernements et la société civile ;
  2. le business et les individus pensent globalement ;
  3. le business se développe là où la société se développe ;
  4. pour que les gens évoluent, il faut que la planète se porte bien ;
  5. le business est une communauté de personnes.

Cinq impératifs de management pour entreprises citoyennes

Des cinq principes énoncés ci-dessus on peut en déduire les impératifs de management suivants:

  1. être responsable ;
  2. penser à l’interdépendance ;
  3. avoir des principes clairs ;
  4. appréhender le changement et la complexité ;
  5. être formé et informé.
 

Commentaires personnels

    Les auteurs, de par leur origine et éducation ont écrit un livre de façon très anglo-saxonne. Grâce à sa présentation, il peut servir de support pour des séminaires ou présentations. C’est un mélange d’enquêtes, d’études de sociétés, d’exemples, à partir desquels se dégagent des concepts d’actualité et des ‘recettes’, il dénonce à la fois les comportements des sociétés et des gouvernements et met en valeur des solutions prises effectivement par ces mêmes entités . Ce livre a l’avantage de montrer des exemples (non repris dans le résumé) pour justifier les prises de position des auteurs. Il laisse aussi quelques interrogations sans réponse et il ouvre ainsi le débat. Ce n’est donc pas un exercice de philosophie ni une démonstration théorique des idées avancées, il a l’avantage de pouvoir être lu par une audience assez large et a donc un aspect didactique. Il fait cependant référence à de nombreux articles ou parutions qui permettent aux lecteurs intéressés d’approfondir certains thèmes abordés.

     

Actualité de la question

Le sujet abordé correspond exactement aux préoccupations actuelles de notre société. Il donne un aperçu des réalisations en cours et surtout montre des voies possibles, à suivre pour avancer dans la bonne direction. Il faut cependant rester vigilant car les bonnes intentions affichées par certaines compagnies ne sont pas dénuées d’intérêts cachés. Seule la prise de conscience de chaque individu ou groupe de pression peut permettre de garder (ou parfois de créer) les équilibres nécessaires si l’on veut donner une chance à tous.

 

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